À Reims (Marne), ODCF-Wayne-Dalton sacrifie 66 salariés sur l’autel du profit. Une liquidation judiciaire organisée par une multinationale.
23 millions de dollars, c’est le montant des dividendes versés à ses actionnaires par la holding japonaise Sanwa en 2012. 66, c’est le nombre de travailleurEs de l’entreprise rémoise ODCF-Wayne-Dalton (fabrication de portes de garage), entreprise mise en liquidation judiciaire le 11 juillet 2013. Le 16 octobre, les salariés ont appris que l’État validait un « plan de sauvegarde de l’emploi » prévoyant la somme dérisoire de 500 000 euros, sans mettre en place de cellule de reclassement. Un contraste indécent : Sanwa est l’entreprise-mère du groupe américain ODC auquel appartient ODCF-Wayne-Dalton.C’est en 2009 qu’ODC, à peine acheté par Sanwa, acquit l’entreprise rémoise. Wayne Dalton prospérait : 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Puis vint la consigne d’acheter les matières premières à l’intérieur de Sanwa. Les prix d’achat flambent alors (+58 %) et asphyxient l’entreprise. Enfin, le coup de grâce : Novoferm, autre filiale de Sanwa, se porte acquéreur.
Trahison(s) et colèreLa DIRECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) a validé le PSE, un des tout premiers après l’entrée en vigueur de la loi de « sécurisation de l’emploi ». Les élus locaux (maire PS et député UMP) ont fait mine de se saisir de l’affaire en recevant une délégation de travailleurs : sans résultat.Les travailleurs en colère ne sont pas restés inactifs : manifestations, lutte unitaire avec les travailleurs de Bosal Le Rapide, installation de 50 croix devant l’entreprise comme symboles de la mort sociale, etc. La direction CGT locale les a d’abord soutenus, puis abandonnés lors de leur grève de la faim devant la sous-préfecture. Le 6 novembre prochain, les organisations syndicales sont invitées à négocier une « prime extralégale de licenciement »...La lutte des Wayne-Dalton illustre l’ineptie de l’ANI et de la loi de « sécurisation » de l’emploi. Contre le sabotage économique par les grands groupes capitalistes dévoreurs de vies et d’emplois, la revendication la plus immédiate est d’interdire les licenciements et les fermetures d’usines. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !
Léo David et Valère Mountassir