Publié le Jeudi 14 février 2013 à 17h26.

Paroles militantes pour la convergence

Mardi 12 février, près d’un millier de salariéEs – dont plus de 600 venus du site d’Amiens – ont répondu à l’appel des Goodyear pour un rassemblement devant le siège du groupe où se tenait un Comité central d’entreprise jugé illégal par la CGT. Une ambiance militante et combative, malgré la fraîcheur du temps et l’accueil très musclé organisé par Valls. « On » avait recommandé aux riverains de ne pas laisser leur voiture dans la rue… Ils sont venus, ils sont là : Presstalis, Sanofi, Arcelor, Faurecia, PSA Aulnay, Licenci’elles, Faurecia Auchel, Renault Guyancourt et Rueil, Fralib et bien d’autres. Quelques échos de cette nouvelle rencontre des salariéEs en lutte.Agathe (PSA Aulnay) : En ce qui concerne les salariéEs misEs en examen, le parquet ne peut pas clôturer son dossier tant que l’enquête n’est pas terminée. Le préfet, nommé comme médiateur, doit convaincre PSA de respecter la loi. Déjà, nous avons obtenu le retrait des vigiles, mais cela n’est qu’un petit début. Il faut imposer à la direction non seulement de renoncer aux sanctions et aux poursuites mais surtout de renoncer aux licenciements.Aujourd’hui à Aulnay, l’assemblée générale a regroupé plus de 500 personnes. On a d’abord accompagné le 6e camarade convoqué pour entretien préalable, et ensuite on s’est réparti : une centaine ici pour soutenir les Goodyear et autant pour aller au siège où la direction présentait son PSE. Celle-ci souhaite « conclure » rapidement, mais nous voulons par la lutte, par la grève, imposer le retour en tripartite du gouvernement, de la direction et des représentants des salariéEs. Jeudi prochain, les demandes de licenciement de Samir et moi passent en Comité d’entreprise. Avec des mobilisations comme celle d’aujourd’hui, on voit qu’il y a beaucoup d’entreprises touchées par les licenciements mais aussi plus largement par les accords emplois-compétitivité comme chez nous, PSA avec Sevelnord. Alors, bien sûr, l’idée, c’est de se battre ensemble, de se mettre tous ensemble en grève. J’aimerais bien qu’il y ait une grève générale.Olivier (Fralib Gémenos) : Nous sommes là parce que nous savons, par notre lutte, que la solidarité, c’est essentiel. Nous n’aurions pas tenu plus de 3 ans, 868 jours en lutte contre la liquidation de notre entreprise sans la solidarité de toute la région. Malgré tout, ça piétine. Unilever ne veut rien céder et le gouvernement cautionne cette attitude, malgré les engagements pris en octobre d’avancer. Nous avons claqué la porte. Nous devions être reçu à l’Élysée début janvier. On attend toujours. Nous avons les bâtiments, les machines, et même des partenaires pour l’approvisionnement en matières premières, et bien sûr 72 salariéEs prêtEs à reprendre la production sous forme d’une coopérative ouvrière. Il ne manque que l’accord d’Unilever de céder la marque Eléphant et d’assurer au départ l’écoulement des volumes de production pour démarrer l’activité. Contre la 3e version du PSE, nous sommes en appel au tribunal de référé d’Aix avec réponse le 28 février. Nous avons toujours refusé les transactions individuelles, la négociation du contenu de la « valise ». Seule la lutte collective peut nous faire gagner, mais la coordination, la centralisation des luttes ne se feront pas sur un claquement de doigt. En 2010, plusieurs millions de manifestants n’ont pas fait reculer un gouvernement qu’ils n’avaient pas élu. Peut-être que les mêmes feraient reculer un gouvernement que beaucoup ont contribué à élire.Bernard (Arcelor Florange) : Notre dernière manifestation a été l’occasion de violences policières. Les Belges s’étaient affrontés avec la police à Namur. En arrivant à Strasbourg, on a été arrêtés, descendus des cars, fouillés au corps et ceux qui protestaient, menottés. Nous avons été retenus pendant 2 heures en plein champ. Du coup, on est arrivé un peu énervés, et on est allé au contact avec les CRS sur une place où on était encerclés par les forces de l’ordre. Dès qu’on s’approchait des CRS, on était gazés. Résultats : deux blessés de Florange avec une arcade sourcilière abîmée pour l’un et un hématome au foie avec passage sur le billard pour l’autre ; un camarade belge qui a perdu un œil et restera défiguré. Nous continuons la bataille pour interdire les licenciements, rouvrir la phase chaude et s’il le faut exproprier ArcelorMittal. Demain nous manifesterons à Metz, et bientôt une nouvelle initiative avec nos collègues Belges et Luxembourgeois.Olivier (Presstalis région parisienne) : Chez nous la direction voudrait liquider 1 250 emplois sur 2 500. Nous sommes victimes du black-out des médias, et donc la solidarité et la convergence des luttes, pour nous, c’est une évidence, c’est incontournable. Nous ne sommes ni entendus ni écoutés et on préfère nous faire passer pour des nantis, avec des prétendus salaires de 5 000 euros mensuels… En réalité, des salaires de 1 900 à 2 300 euros, avec du travail le week-end, les jours fériés et des horaires décalés. Nous sommes déterminés à empêcher les licenciements, et le message vaut autant pour nos patrons que pour le gouvernement.Propos recueillis par Robert Pelletier