Les salariés de Philips Dreux (Eure-et-Loir), on dû se résoudre à voir le site de production fermer le 15 avril dernier. Après des années de bataille pour le maintien de leurs emplois, cette décision leur laisse le goût amer d’une lutte inachevée. Jeudi 15 avril 2010, Philips a définitivement fermé son dernier site industriel de télévision en Europe de l’ouest.Après des années de résistance, de luttes contre la destruction d’une activité industrielle, contre la liquidation de milliers d’emplois, c’est encore une usine qui ferme dans la région et dans l’Hexagone, dans l’illégalité et en toute impunité. Les salariés plus que moroses quittent un à un l’entreprise avec comme « cadeau » de départ un de ces téléviseurs qu’ils ont contribué à fabriquer pendant des dizaines d’années dans cette usine. Au-delà de la colère, du sentiment d’injustice, les membres du syndicat CGT du site continuent de marteler l’idée que le groupe Philips n’a jamais été en mesure de justifier le plan de « sauvegarde » de l’emploi (PSE). En donnant un avis (même négatif) sur la fermeture du site de Dreux, les organisations syndicales FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC ont abandonné la lutte pour le maintien de l’emploi et ainsi anéanti de longues années d’action des salariés et du syndicat CGT du site. C’est d’autant plus rageant que par leur lutte les travailleurs avaient obtenu du tribunal de grande instance (TGI) de Chartres, la réouverture du site de Philips et le maintien de l’activité. Les salariés s’étaient appuyés sur cette décision pour reprendre la production malgré la décision de la direction de laisser pourrir la situation en freinant la production. Son pouvoir de patron ainsi remis en cause était insupportable à la direction qui a alors menacé de licenciement les salariés qui avaient relancé l’activité. La CGT condamne ce gâchis car les syndicalistes défaitistes de Philips ont accepté d’accompagner les licenciements, mettant 212 salariés à la rue. Pire, ils leur ont ainsi rendu tout recours très difficile.Philips n’a jamais justifié ses arguments économiques pour fermer le site de Dreux. En l’absence de données prévisionnelles, le syndicat CGT Philips avait toutes les raisons pour ne pas se prononcer sur ces éventuelles menaces. Aucune démonstration des difficultés économiques à venir (la prétendue sauvegarde de la compétitivité) n’a été faite. Au vu des échanges du cabinet d’expert Syncea avec la direction de Philips France, il apparaît quasi certain que la direction France et le groupe n’étaient pas en mesure de prouver la menace sur la compétitivité… les éléments n’existant pas. La direction générale s’est avérée bien incapable de fournir et de justifier les raisons économiques d’un tel projet dans le périmètre pertinent, c’est-à-dire le secteur d’activité tel que défini juridiquement. Philips conclut cette parodie de consultation par un chantage inacceptable, obligeant les instances représentatives du personnel (CCE et CE) à donner un avis sur le plan de liquidation de l’entreprise sous peine de remettre en cause les 20 000 euros d’indemnités extra-légales négociées parallèlement. Notre conception du syndicalisme s’en trouve bafouée car, en appliquant ces pratiques déloyales, Philips, avec la complicité du syndicat FO du site, veut se prémunir contre toute action de contestation concernant la fermeture du site de Dreux. La CGT et de nombreux travailleurs estiment être privés du droit à se défendre juridiquement. Cette décision est d’autant plus grave qu’une fois le PSE mis en œuvre, cela va accroître les divisions entre les salariés qui acceptent, même à contre-cœur, de partir avec des primes de 54 à 73 000 euros brut, obtenues par la lutte, et ceux qui comme le syndicat CGT continuent de penser qu’il est possible et nécessaire de maintenir une activité industrielle sur le site. Pour le syndicat CGT, cette fermeture du site de Philips Dreux laisse un goût amer de colère à l’issue d’une lutte inachevée face au patronat. Un gâchis pour la classe ouvrière. La CGT continuera la lutte face au système capitaliste, qui broie les travailleuses et les travailleurs ainsi que leurs familles. Nos vies valent plus que la sauvegarde de la compétitivité, plus que la sauvegarde de leurs profits ! Manu Georget (Philips Dreux)