Quelques semaines à peine après l’annonce de la fermeture du site de PSA Saint-Ouen, c’est maintenant le tour du site PSA d’Hérimoncourt dans le Doubs, près de Sochaux, d’être menacé. En tout, 528 salariéEs.
L’usine d’Hérimoncourt, spécialisée dans la rénovation et le recyclage de pièces, notamment boîtes de vitesse et moteurs, était le tout premier site industriel de la famille Peugeot en 1810, un siècle avant qu’elle ne se lance dans la fabrication d’automobiles.
L’annonce a été faite sans sommation au CCE (Comité central d’entreprise) du mercredi 6 février, alors que PSA a déjà supprimé plus de 25 000 emplois en 5 ans, qu’elle fête des ventes records et se prépare à annoncer des bénéfices qui le seront tout autant à la fin du mois. La délégation FO du groupe, pourtant peu habituée aux esclandres contre la direction, a donc quitté la salle pour faire bonne figure. D’autant que le délégué FO d’Hérimoncourt (syndicat majoritaire du site) assurait depuis des semaines qu’il n’y aurait pas de fermeture. FO n’en a pas moins donné « un avis favorable à la reconduction des mesures de départ volontaire pour 2019 telles que [proposées] aujourd’hui dans ce CCE. Mais c’est la dernière fois… » Des mesures qui annoncent en effet 1 900 suppressions d’emplois dans le groupe, dans le cadre du nouveau plan de départs prétendus volontaires appelé « DAEC »1 version 2019.
Patrons gagnants-gagnants, salariéEs perdants-perdants
Pourtant le site d’Hérimoncourt est surchargé, selon la direction il arriverait même à saturation. Alors, plutôt que de créer un deuxième quai de chargement, il lui paraît plus rentable de fermer le site et de transférer toute l’activité d’Hérimoncourt vers le site de PSA Vesoul. Le prétexte est tout trouvé : puisque les pièces et moteurs fournis à Hérimoncourt proviennent de Vesoul, PSA voudrait y centraliser l’activité.
Et pour cause, PSA Vesoul est un site d’environ 3 000 ouvrierEs, centre logistique mondial de pièces de rechange de PSA. Avec les nouvelles lois Macron en juin dernier, la direction y avait imposé, avec le traditionnel chantage à la fermeture, un accord permettant de faire travailler les ouvrierEs 37 h 45 payées 36 h (une journée gratuite par mois), tout en supprimant 450 postes en trois ans. Tout cela en « échange » de la prétendue création de 80 postes sur la même période et d’une prime minable de 80 euros. Une belle rentabilité sur le dos des salariéEs… Tous les syndicats du site avaient signé, sauf la CGT qui avait lancé une pétition contre l’accord dans tout le groupe, avec pas moins de 10 000 signatures.
Détail écœurant : le vendredi 8 février, les syndicats béni-oui-oui du site de Vesoul (FO et CFTC) ont eu le culot de se féliciter du transfert d’activités, laissant entendre que c’était le résultat positif de l’accord de casse des 35 heures.
Des conditions inacceptables…
Alors qu’adviendra-t-il des 204 salariéEs de PSA Hérimoncourt ? Celles et ceux qui seront contraints à la mutation forcée à Vesoul, goûteront à l’exploitation locale que PSA voudrait étendre à d’autres sites. Comme d’habitude, la direction se défend : « Pas de licenciement », les salariéEs se verront proposer des reconversions internes à Sochaux (10 km), à Mulhouse (65 km) ou encore à Vesoul (80 km), mais s’ils refusent, ce sera la porte.
Sous prétexte qu’à Hérimoncourt, ce « n’est pas une fermeture mais une réorganisation » (façon de dire qu’on peut tout à fait vider un site sans le fermer), la direction de PSA refuse d’octroyer les conditions de départ de PSA Saint-Ouen que les salariéEs de là-bas trouvent déjà inacceptables. Pour Hérimoncourt, la direction prévoit les conditions de PSA Poissy : moins d’argent et un plan de départ en préretraite de 3 ans contre 5 à Saint-Ouen.
… que les salariéEs ne sont pas près d’accepter
Dès le lendemain de l’annonce, le 7 février, touTEs les ouvrierEs de PSA Hérimoncourt des deux équipes se sont mis en grève toute la journée à l’appel de la CGT et de la CFDT contre le projet de fermeture low-cost de la direction. La section syndicale pro-patronale FO a été obligée de suivre. Ce lundi 11, près de 350 personnes ont défilé dans les rues de la ville, des salariés de l’usine, des représentants syndicaux des sites PSA voisins, dont celui de Sochaux, des éluEs et des habitantEs. Les ouvrierEs ont trouvé le chemin de la lutte et de la grève, ils devront trouver l’énergie de se coordonner avec d’autres sites menacés, de PSA Saint-Ouen, de Ford Blanquefort et bien au-delà, afin que pas unE ouvrierE ne se retrouve seulE face aux menaces de fermeture de site ou de licenciement.
Léo Baserli
- 1. Dispositif d’adéquation des emplois et compétences.