Jeudi 25 octobre, plusieurs centaines de salariéEs étaient rassembléEs, avenue de la Grande Armée,à l’appel des organisations syndicales (CGT et SIA), à l’occasion de la réunion du Comité central d’entreprise (CCE) pendant qu’une centaine de salariéEs rencontraient ceux du sous-traitant Faurecia à Méru.
La direction marque des points
La veille, lors du Comité de groupe, le plan d’alliance stratégique entre PSA et GM se concrétisait avec des programmes communs PSA-Opel sur plusieurs segments de gamme. L’objectif est de faire gagner 2 milliards d’euros aux deux constructeurs d’ici cinq ans. Ceci venait après l’annonce des « difficultés » de la filiale bancaire de PSA.
Le rassemblement visait à obtenir du CCE qu’il ne valide pas la possibilité de prêter des salariéEs d’Aulnay à différentes usines du groupe. Autant dire de vider l’usine et de rendre plus difficile les mobilisations. La direction s’est contentée d’intégrer ce point au milieu de l’étude des revendications concernant le reclassement des salariéEs. Présenté par le SIA et la CGT d’Aulnay comme un recul de la direction cela marque surtout la mise au second plan de la bataille contre la fermeture du site, l’interdiction des licenciements et le refus de toute suppression d’emploi. Le risque est grand que les négociations qui s’engagent soient recentrées sur les conséquences de la fermeture du site Aulnay.
Patronat et gouvernement complices
Les contreparties à la garantie de 7 milliards d’euros octroyée à PSA Finances par le gouvernement sont pitoyables. L’engagement de non-versement de dividendes pendant trois ans n’engage que ceux qui y croient, faisant sembler d’ignorer la logique des actionnaires. Cette privatisation de l’argent public est d’autant plus inacceptable qu’elle se fait au profit du groupe Peugeot qui a un trésor de guerre de 12 milliards d’euros.
Mais, que dire de l’intégration d’un représentant de la direction et des salariéEs au conseil de surveillance et de sa féminisation ? Foutage de gueule ! Une actionnaire vaut un actionnaire ; quant à l’action du gouvernement, on est éclairé : après les milliards d’euros prêtés ou distribués par le gouvernement précédent, les primes à la casse généreusement financées par les contribuables, voici maintenant 7 milliards de garantie de l’État à un groupe qui a accumulé les bénéfices et engraissé ses actionnaires pendant des années. Tout cela n’a rien à voir avec l’indispensable contrôle des salariés sur les comptes.
Riposter à la hauteur des attaques
Les divisions syndicales, les pressions, chantages, promesses distillées par la hiérarchie sapent les résistances collectives. Alors que la mobilisation est difficile sur l’usine, le rouleau compresseur du dialogue social rend de plus en plus difficiles les possibilités de riposte. Dans ce contexte, les militantEs syndicaux tentent de maintenir la mobilisation en liant les revendications individuelles et les exigences collectives de maintien d’activité et de reclassement.
Le secteur de l’automobile est engagé dans une restructuration socialement dramatique notamment en Europe. Ford annonce la fermeture d’une usine en Belgique entraînant la suppression de 4 300 emplois directs et autant indirectement et la suppression de 1 500 emplois dans deux usines au Royaume-Uni. Renault ne cache pas sa volonté de s’attaquer aux droits de salariéEs des usines européennes, par un chantage à la signature des syndicats, pour prétendument éviter des fermetures de sites. Cela a commencé avec les usines espagnoles : accord de compétitivité avec gel des salaires pour deux ans, suppression de cinq jours de RTT et flexibilité à outrance du travail.
Pour sauver profits et dividendes, le patronat de la branche appelle au secours les États, l’Europe. Notre réponse est claire : il faut l’expropriation des licencieurs. La sauvegarde de nos emplois, de nos salaires, de nos conditions de travail est une question trop sérieuse pour être laissée aux mains des intérêts privés. Les transports collectifs et individuels doivent être placés d’un bout à l’autre de la chaîne sous contrôle des salariéEs et de la population pour faire face aux besoins tout en prenant en compte les contraintes écologiques. Mais, bien sûr, cela ne fera pas l’objet d’une tripartite ou d’une quelconque négociation, pas plus que par des combats usine par usine, entreprise par entreprise. Cela passera par la construction déterminée d’un « Tous ensemble », à commencer dans l’automobile, perspective à laquelle s’attellent les militants du NPA.
Robert Pelletier