Pour conserver les retraites par répartition sans augmenter la durée de cotisations, des solutions existent. Le 10 février, Sanofi-Aventis publiait ses résultats pour 2009. Le quatrième groupe pharmaceutique mondial a terminé l’année avec un bénéfice net de 8,47 milliards d’euros, en hausse de 13 % par rapport à 2008. Ces bons résultats sont en partie dus à la vente de 100 millions de doses de vaccins contre la grippe H1N1 pour 440 millions d’euros. Ce qui n’a pas empêché la direction de décider une restructuration du groupe en 2010 pour continuer à engranger des profits. Le bilan social est déjà lourd pour l’entreprise au sommet des bénéfices du CAC 40 : 3 000 suppressions d’emplois en France, quatre sites fermés, deux sites vendus ou à vendre, deux sites en restructuration. Et ce n’est qu’un début, le directeur général ayant annoncé vouloir faire 2 milliards d’euros d’économies d’ici 2013. Un plan de « départs volontaires » de 3 000 salariés qui ne sont que des licenciements déguisés, est programmé. Avec de tels profits, l’annonce d’une augmentation générale des salaires de 1,2 % a été prise comme une provocation. De nombreux sites sont entrés en grève. Deux sites ont été complètement bloqués pendant trois semaines et des arrêts de travail ont eu lieu sur 24 sites. Les grévistes ont exigé l’arrêt des restructurations destructrices d’emploi et l’augmentation des salaires. La direction a voulu faire la sourde oreille mais la colère grandissant et la médiatisation aidant, le groupe s’est senti obligé de s’expliquer sur sa politique antisociale auprès des élus politiques. Le 16 février, la direction du groupe a convié les élus des collectivités où sont établis 40 sites de Sanofi à un déjeuner propagandiste afin d’essayer de les rassurer sur l’avenir des sites dans leurs régions. Les petits fours et jolis coups de violon ont toutefois été perturbés par la mobilisation de 300 manifestants venus de toute la France à l’appel de la CGT. Ils ont été parqués à distance par les CRS afin d’éviter toute confrontation. Leurs interpellations préalables auprès des élus politiques ont cependant permis de déclencher de nombreuses questions parmi les invités au cocktail et quelques-unes à l’Assemblée nationale. Les ministres justifient les « adaptations d’effectifs » au nom de la compétitivité et d’une incontournable restructuration pour se tourner vers des médicaments de nouvelle génération. Qu’attendre de plus de ce gouvernement qui subventionne par millions ces entreprises ultra bénéficiaires via les crédits d’impôt recherche, par exemple ? La santé ne devrait pas être source de profits. Il y a urgence à sortir de ce système où le patient n’est qu’un client et où bientôt seules les maladies qui rapporteront de l’argent auront un traitement. Ce n’est pas en se désengageant de la recherche que Sanofi trouvera les médicaments de demain, avec 10 % d’effectifs en moins. Pour ses dirigeants, l’essentiel n’est pas la santé. Correspondante
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