Publié le Mercredi 15 juillet 2009 à 17h55.

SBFM : les salariés n'ont rien lâché !

L'incertitude planait sur l'avenir de la fonderie, jusqu'au 27 juin, avec l'annonce de Renault d'en redevenir l'actionnaire principal. Retour sur dix ans de luttes.

Créée par Renault en 1966, la Société bretonne de fonderie et mécanique (SBFM), à Caudan (Morbihan), est vendue, en 1998, au groupe Teskid, puis, en 2006, à Zen. Cet abandon s'accompagne de plans sociaux inacceptables. Les actionnaires successifs étranglent sciemment la fonderie, lui causant une dette de plus de 40 millions d'euros. Pendant des années, la SBFM bénéficie de fonds publics qui ne sont investis ni dans l'outil de production, ni dans les conditions de travail.

C'est sans compter sur les 530 salariés, représentés par leur délégué CGT Pierre Le Ménahès, qui luttent sans relâche, pendant dix ans, pour sauver leurs emplois et l'activité du site. Depuis 1998, les salariés subissent plusieurs plans de redressements judiciaires, des menaces de licenciements et de délocalisation, la complaisance de représentants locaux à l'égard des actionnaires et l'absence de gestion patronale. Déterminés, ils y répondent par des grèves, des manifestations, des blocages, des occupations, des pressions sur la préfecture de Lorient et une autogestion de la production.

Néanmoins, le 20 janvier dernier, l'usine est en redressement judiciaire. Le 5 février, le groupe Zen présente un « plan de relance » qui prévoit la suppression de 237 emplois et la délocalisation d'une partie de la production à Châtellerault (Vienne), dans sa filiale New-Fabris, ne respectant ainsi pas la procédure judiciaire. Cela n'empêche pas le groupe de toucher 55 millions d'euros de l'Etat pour l'ensemble de ses filiales, toutes en redressement judiciaire (y compris New-Fabris !).

Les salariés de SBFM, indignés, occupent l'usine, s'assurant que rien ne soit délocalisé en douce. Ils interpellent fermement les pouvoirs publics, la préfecture en tête, pour faire stopper les aides publiques au groupe Zen, imposent une réunion à Florindo Garro, PDG du groupe (qui n'osera finalement pas venir) et font pression sur les élus locaux pour que le plan de relance automobile de Nicolas Sarkozy (annoncé en fanfare le 9 février) tienne compte des sous-traitants. Après une semaine de mobilisation intensive, le plan social est abandonné.

Le 16 juin, le groupe espagnol CIE automobile présente un plan de reprise encore plus scandaleux que celui de Zen : il propose de racheter la SBFM pour un euro symbolique, sans garder les 237 emplois menacés, réclame 41 millions d'euros d'investissement à Renault et à l'Etat, et veut renégocier le plan amiante qui concerne 150 salariés !

Les salariés votent, à l'unanimité, la grève générale. Après dix jours d'actions choc, CIE automobile renonce et Renault accepte de reprendre l'entreprise, sans perte d'emplois.

La victoire des salariés de la SBFM est exemplaire. Renault a jusqu'au 15 août pour proposer son offre de reprise au tribunal de Lyon. En attendant, les salariés restent sur leurs gardes.

Florian Ronin