Un an après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, une nouvelle catastrophe a été évitée de peu mardi 9 décembre à Achères (Yvelines)...
Autour de 6 heures du matin, un train du RER A rempli de voyageurs et en pleine accélération (90 km/h) a été aiguillé vers une voie de service limitée à 30 km/h ! Le risque important de déraillement a été évité grâce au fait qu’il n’avait pas encore atteint la vitesse maximum autorisée de 120 km/h, et surtout grâce à la réaction immédiate du conducteur. Cette réaction a permis d’éviter le moindre blessé, mais il a quand même fallu évacuer la centaine de passagers, en interrompant toutes les circulations sur cette ligne ultra-chargée... La question qui se pose est évidemment : pourquoi ce train a-t-il été aiguillé vers la mauvaise voie ? L’enquête interne est en cours, mais on peut déjà affirmer que ce dysfonctionnement est la conséquence de travaux électriques effectués la nuit précédente sur l’aiguillage en question : apparemment, une inversion de câbles aurait eu comme résultat d’aiguiller à gauche quand l’aiguilleur croyait aiguiller à droite !
La direction est responsableLa nuit en question, ces travaux ont été effectués par une équipe en sous-effectif. Ce type de travaux est le plus souvent sous-traité à des boîtes privées, prêtes à toutes les économies de bouts de chandelles pour augmenter leurs profits, sans se soucier des risques pour les usagers... On retrouve ici les causes réelles de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge, telles qu’expliquées par un récent rapport d’expertise largement médiatisé : sous-effectif critique, agrandissement des zones de surveillance et d’intervention, recours systématique à la sous-traitance...Du fait de cette gestion de plus en plus capitaliste, la direction de la SNCF porte une lourde responsabilité dans la catastrophe de Brétigny, et dans la dégradation générale des infrastructures. Et la récente réforme ferroviaire va encore empirer tout ça : le gouvernement a décidé de transférer les 40 milliards d’euros de dette du système ferroviaire à « SNCF Réseau », la nouvelle entreprise propriétaire et gestionnaire du réseau ferré. Une entreprise qui va donc devoir se serrer la ceinture pour les rembourser, c’est à dire faire des économies drastiques sur la masse salariale et sur les frais d’entretien du réseau !Une perspective terrifiante...
Gabriel Lafleur