Publié le Mercredi 18 juin 2014 à 09h58.

SNCF : la grève, c’est notre arme

Les cheminotEs ont cessé le travail depuis le 10 juin contre un projet de réforme du ferroviaire présenté au Parlement à compter du 17 juin. Après une semaine de grève, malgré le front antigrève qui coalise Fillon, Hollande, Valls et Berger, la détermination demeure intacte.

Contrairement aux annonces d’améliorations du trafic de jour en jour, les plans de circulation attestent d’un ancrage de la mobilisation et de son caractère massif. Nous nous battons contre une réforme qui vise à diviser les cheminots entre trois entreprises distinctes préparant un dépeçage qui suit la logique de la privatisation des profits et la socialisation des pertes (voir le dossier central dans ce numéro). Nous subissons également la mise en place d’un accord compétitivité à travers l’abrogation de notre réglementation du travail. Des attaques qui viennent s’ajouter à celles subies depuis plusieurs années : suppressions d’emplois sans fin, réorganisation, blocage voir baisse des salaires. De ce point de vue, la situation vécue par les cheminots est identique à celle de l’ensemble de la classe ouvrière.

Une combativité qui se construitNotre mobilisation est la première grève aussi déterminée à l’échelle nationale depuis l’arrivée de la gauche à la tête de l’État. Nous entrons désormais dans une nouvelle phase du conflit du fait du passage du projet de loi en 1re  lecture à l’Assemblée nationale. Avec un gouvernement qui durcit ses positions, les organisations syndicales se montrent hésitantes mais poussées par la base à continuer le mouvement, la situation risque d’évoluer rapidement. C’est ce qui s’est passé avec la démonstration de combativité lors du rassemblement devant le ministère des Transports le jeudi 12 juin, rassemblement rapidement dissous par les fédérations syndicales une demi-heure après l’heure de début officielle. Dans la foulée, il était prévu mardi 17 juin d’organiser un rassemblement devant l’Assemblée nationale le premier jour de l’examen de la loi. Suite à des rumeurs d’interdiction du rassemblement par la préfecture, il était prévu d’emmener les grévistes se cacher dans les ateliers de l’Ourcq en banlieue parisienne. Mais vu le retour des assemblées générales qui appelaient toutes à maintenir une manifestation aux abords de l’Assemblée, un rassemblement aux Invalides a finalement été confirmé la veille ! Ce sont donc plus de 2 000 cheminotEs et soutiens qui se sont rassemblés à quelques centaines de mètres d’une Assemblée nationale bien gardée par les forces de l’ordre. Après un meeting où seules les organisations syndicales et le groupe parlementaire lié au PCF ont pu s’exprimer, plusieurs centaines de personnes sont parties bloquer les voies à Montparnasse. À Paris, ­l’assemblée générale de Paris Saint-Lazare appelle à une AG des AG, celles-ci appelant à une nouvelle manifestation devant l’Assemblée nationale jeudi 19 juin à 14h. Dans le même temps, plusieurs villes en régions ont vu des actions radicales exprimant la colère des cheminotEs.

Prendre notre lutte en mainCes épisodes illustrent parmi d’autres exemples le décalage entre l’état d’esprit, les revendications et les volontés d’action des assemblées générales cheminotes, et la politique des états-majors syndicaux. Il illustre aussi, malgré quelques limites, les capacités des grévistes à progressivement pouvoir prendre en main leur grève. Il est donc désormais nécessaire de franchir une étape dans leur structuration. Il faut donc rendre les assemblées générales souveraines, les doter de structures mettant en place leurs décisions et commencer à se poser la question de la coordination de leurs actions, au moins en Île-de-France. Les craintes du gouvernement et du patronat quant à une « coagulation » des luttes en cours contre les conséquences de leur politique, éclaire les grévistes quant au chemin à emprunter. La mobilisation des cheminotEs pourrait bien être le vecteur d’une mobilisation d’ensemble de plusieurs secteurs en lutte. Des premiers pas que les cheminotEs parisiens ont commencé à faire ce lundi en envoyant des délégations de toutes les gares parisiennes au rassemblement des intermittents du spectacle. TouTEs ensemble, nous avons pu crier notre refus des plans d’austérité que nous subissons chacun dans nos secteurs. L’itinéraire est désormais tracé, il appartient maintenant aux convois des cheminotEs en lutte de l’emprunter.

CorrespondantEs en grève