Aulnay-Sous-Bois, avril 2024 : MA France annonce la délocalisation en Turquie de son usine d’emboutissage de produits pour voitures utilitaires, dernière filière automobile de la Seine-Saint-Denis.
Le site d’Aulnay, propriété du groupe italien CLN, emploie 400 travailleurEs — dont 280 salariéEs et 120 intérimaires — d’une moyenne d’âge de 50 ans. Malgré une grève commencée le 16 avril, l’usine est placée en liquidation judiciaire au mois de mai, et le 27 juin les ouvrierEs sont licenciéEs. L’intervention de l’Inspection du travail bloque cependant le licenciement pour les représentantEs du personnel, mais le liquidateur ne paie pas les salaires et propose un accord prévoyant 15 000 euros d’indemnité de licenciement ainsi que l’interdiction d’attaquer CLN et Stellantis. En effet, MA France est à 80 % sous-traitant du groupe franco-italo-étatsunien dirigé par Carlos Tavares. C’est bien Stellantis — qui a fait 18,6 milliards de bénéfices en 2023, dont 8 distribués aux actionnaires — qui a donné l’ordre de transférer la production en Turquie.
Occupation pour empêcher les machines de partir
Si les difficultés économiques amènent une moitié des salariéEs de MA France à accepter l’accord proposé par l’entreprise, l’autre moitié le refuse et demande un reclassement chez Stellantis et une indemnisation plus élevée. Le site est alors occupé pour empêcher le départ des machines en Turquie, mais aussi des pièces déjà prêtes à la vente.
Le désespoir est élevé parmi ces travailleurEs d’une ville qui était l’un des moteurs de l’industrie automobile de la région (avec ses 5 000 salariéEs au début des années 1970, l’usine Citroën d’Aulnay était le plus grand site Citroën d’Île-de-France) et qui a progressivement vu ses usines fermer. Au mois d’août, lors de la visite du représentant du liquidateur venu chercher les pièces de l’usine, un ouvrier tente de s’immoler par le feu. Le liquidateur renonce alors à l’objectif de sa venue, mais le dialogue avec les salariéEs n’est toujours pas entamé.
Les grévistes se donnent rendez-vous le 9 et le 17 octobre
Les grévistes poursuivent donc l’occupation du lieu et attaquent l’entreprise en justice, déterminés à ne pas laisser partir la production sans avoir obtenu un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) à la hauteur de leur ancienneté et de leurs compétences. Le 2 octobre, les salariéEs se sont renduEs au tribunal administratif de Montreuil pour la première audience, accompagnéEs et soutenuEs par une centaine de personnes de l’UD CGT 93, des unions locales CGT d’Aulnay et Montreuil, mais aussi de SUD Industrie, du Parti communiste, du NPA-l’Anticapitaliste et de LFI.
Le 9 octobre, une conférence sur l’avenir de l’automobile a lieu à l’usine occupée, avec la participation de Sophie Binet, du sénateur PCF Fabien Gay et de la députée LFI de la circonscription Nadège Abomangoli. Une grève des salariéEs de l’automobile est déclarée pour le 17 octobre, avec rendez-vous à Porte de Versailles devant le Mondial de l’automobile… Soyons nombreuxEs pour les soutenir !
Gin Vola