Publié le Vendredi 22 avril 2022 à 13h00.

Tavares (Stellantis) : le salaire de la colère

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, devrait se voir accorder une rémunération de 66 millions pour l’année 2021 : 19 millions d’euros minimum, auquel on ajoute toutes les primes, les plans d’actions gratuites et la rémunération sur le long terme.

Un montant record pour des résultats records de l’entreprise, nous dit-on : les bénéfices nets ont dépassé 13 milliards d’euros l’année dernière.

Exploitation accrue

Des résultats qui ne proviennent que de l’exploitation accrue des salariéEs en période de pandémie, de crise des semi-conducteurs et de transition énergétique. Autant d’occasions pour accentuer la flexibilité avec les suppressions des équipes d’intérimaires, l’arrêt des productions, les vagues de suppressions de postes ou la prise en charge des rémunérations par l’État grâce au chômage partiel. La prime pour les salariéEs, elle, ne s’élève qu’à 3 610 euros net pour 100 % de présence, un critère impossible à remplir en période de pandémie. Les ouvriers auront touché en prime annuelle la moitié de ce que Tavares touche par heure avec ses 180 000 euros par jour, week-end et jours fériés compris.

Des condamnations pour la forme

Du côté des candidats à la présidentielle : Marine Le Pen trouve le montant « choquant », Emmanuel Macron « inadmissible ». Même les actionnaires de Stellantis ont voté contre à une courte majorité (52,1 %) mais ont approuvé le plan stratégique de Tavares pour 2030. Pas de quoi inquiéter Carlos Tavares : le vote n’est que consultatif et n’empêchera rien.

Des condamnations pour la forme : ce n’est pas la rémunération qui les gêne mais son étalage public en période d’inflation galopante, de baisse du pouvoir d’achats et de colère sur les salaires. Emmanuel Macron l’a clairement exprimé : « Il faut se donner des plafonds […] qui rendent les choses acceptables, sinon la société, à un moment donné, explose. Les gens ne peuvent pas avoir des problèmes de pouvoir d’achat […] et voir ces sommes »1. Les salariéEs ont en effet toutes les raisons d’exploser et de réclamer leur dû : l’intégration de toutes les primes dans le salaire de base et de réelles augmentations qui permettent de couvrir l’inflation.

  • 1. La Tribune, 15 avril 2022.