La liquidation judiciaire de Technicolor /Thomson–Angers a été prononcée le 11 octobre. La « technicolère » des 350 salariéEs s’était immédiatement manifestée par le blocage du boulevard devant l’usine et l’occupation de celle-ci.
Car le groupe Technicolor a délibérément placé sa filière angevine en déficit. En ne lui laissant ni le choix de sa production (des décodeurs) ni celui de ses prix (fixés au dessous du coût de production).
En mai, la direction avait eu le culot de mettre sa dernière usine européenne en vente avec ses salariéEs sur une petite annonce des Échos… Aujourd’hui, elle se permet d’envoyer des propositions de reclassement en… Australie !
Du côté gouvernemental, après les belles paroles, aujourd’hui c’est l’impuissance, voire la complicité. Le 5 octobre, la ministre des PME, Fleur Pellerin, avouait aux salariéEs qu’elle n’avait pas réussi à prendre langue avec les dirigeants du groupe… Sans doute parce qu’elle ne « croi[t] pas à la lutte des classes dans les PME » comme elle vient de le déclarer au Parisien. Seules l’agglomération et la ville (PS) tentent encore de faire bonne figure, notamment par la préemption des terrains et leur souhait déclaré de racheter l’usine, offrant ainsi quelques 14 millions d’euros aux actionnaires de Technicolor !
L’usine est occupée de 9 heures à 16 heures chaque jour depuis le 11 octobre, la « technicolère » des salariéEs reste intacte.
Dans ce contexte, la manifestation de solidarité avec les salariéEs qui avait été appelée le 17 octobre par l’intersyndicale Thomson Angers CGT-CFDT-CGC fut un succès avec près de 1 000 participantEs sous une pluie battante. Les militantEs du NPA 49 étaient présents, ainsi que Philippe Poutou. Des représentants nationaux du PCF (Éric Corbeaux – Front des luttes), du PG et de LO (Eddy Le Beller), étaient également présents, et se sont aussi adressé aux salariéEs dans le grand hall du site. Les interventions PG et PCF sont essentiellement restées sur le terrain d’une loi contre les licenciements dits « boursiers » ; celle de LO fut centrée sur la dénonciation du capitalisme et d’un gouvernement complice. Seule l’intervention (très applaudie) de Philippe a articulé les mots d’ordre d’interdiction des licenciements, de réquisition et de la nécessaire convergence des luttes pour y aboutir.
Vendredi 26 octobre, les lettres de licenciements arrivaient au domicile des salariéEs. Et aujourd’hui, pour le personnel, à côté du refus des licenciements, émerge le souhait de voir la direction de Technicolor débourser des primes extralégales à la hauteur de la violence qu’ils subissent. Une bataille juridique autour du plan social est également engagée par l’intersyndicale.
Le groupe Technicolor vient d’annoncer une progression de 11 % de son chiffre d’affaire au troisième trimestre, l’action a bondi de 5 % dans la journée de vendredi. C’est bien d’un grand « tous ensemble » dont nous avons besoin, pour imposer l’interdiction de tous les licenciements.
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