Fin janvier, Philippe Poutou était invité à venir soutenir la grève des salariés, roumains en majorité, contre un patron véreux d’une boîte sous-traitante. Par la suite, deux délégués CGT ont reçu un avertissement. Fabien, délégué central, a entamé le 24 février une grève de la faim – pendant 15 jours – pour faire respecter le droit du travail. Le 28 mars, ce sont l’ensemble des salariés qui sont entrés dans l’action. David, de la section syndicale CGT, fait le point.
La raffinerie de Donges sort d’un arrêt pour maintenance, bientôt prêt à redémarrer, l’outil de travail va être plus que jamais nécessaire pour répondre aux besoins économique et sociaux des populations en France et en Europe, à l’heure où la guerre fait rage en Ukraine.
Depuis 10 ans, la CGT répète qu’il est nécessaire pour des raisons environnementales de raffiner en France, en respectant les normes européennes, plutôt que d’importer des produits d’Inde, d’Arabie saoudite ou de Russie. En même temps qu’elle dénonce les fermetures de raffineries françaises qui ne sont pas en adéquation avec la baisse de consommation pour préserver notre souveraineté en cas de crise… Aujourd’hui la crise est là !
« Les équipes de 3 × 8 sont massivement entrées en grève »
Il est donc indispensable de redémarrer Donges. Mais pas dans n’importe quelles conditions… Aujourd’hui, les remplacements sur les postes structurels sont gérés (quand ils sont gérés) par des travailleurs précaires dont le nombre ne cesse d’augmenter encore aujourd’hui au sein de la raffinerie. Travailleurs précaires remplacés à leur tour par d’autres travailleurs précaires, induisant une perte de qualification au sein de l’usine et donc de savoir-faire et d’expérience, ce qui est inacceptable en matière de sécurité sur un site classé Seveso.
Les travailleurs postés ont donc débuté une grève le lundi 28 mars à 13 heures, bien conscients que seul le rapport de forces par la grève peut permettre de se faire entendre par une direction qui multiplie les provocations et reste sourde à tout compromis raisonnable.
Alors qu’un taux de grévistes de 80 % était atteint à la relève, la direction a refusé de délivrer les consignes mettant sur pause le démarrage des unités et a pris en otage les travailleurs en quart du matin en les maintenant à l’intérieur du site ! Ces salariés composant les effectifs minimums liés à la sécurité ne pouvaient donc pas quitter leur poste de travail mais indiquaient craindre pour leur sécurité ainsi que celle de leurs collègues voire de la population environnante compte tenu de leur grande fatigue physique et mentale.
Ce n’est qu’à minuit, sous la pression des grévistes des quarts de l’après-midi et de nuit, après de nombreux droits de retrait exercés par les salariés en poste depuis 5 heures du matin et un danger grave et imminent inscrit au registre par un élu CGT, que la direction a enfin inscrit des consignes prenant en considération le mouvement de grève en cours.
Depuis, les équipes de 3 × 8 sont massivement entrées en grève, certains salariés à la journée ou en 2 × 8 ont rejoint cet appel dont le but premier est de retrouver des conditions de travail optimales sur le site pour son redémarrage. Exploiter en sécurité et sereinement leur outil de travail aujourd’hui et dans l’avenir, avec du personnel qualifié, reconnu et en nombre suffisant, voilà la priorité des grévistes ! Seule l’unité des travailleurs et de leurs représentants peut faire bouger les lignes face à une direction qui n’a comme seule boussole la réduction des coûts pour faire remonter toujours plus de cash aux actionnaires !