À la veille de la conférence mondiale sur le climat au Brésil (COP 30), 4 ONG attirent l’attention sur les « bombes carbone », véritables bombes climatiques à retardement.
Une « bombe carbone » est un projet d’extraction de gaz, de pétrole ou de charbon qui va émettre plus d’un milliard de tonnes de CO2 au cours de sa durée de vie. À titre de comparaison, la France a émis 404 millions de tonnes de CO2 en 2024, soit moitié moins. Depuis 2022, il y en a 176 nouvelles dans le monde, 601 au total. À côté de ces mégaprojets, 2 300 nouveaux projets d’extraction, plus petits, qui émettront chacun au moins cinq millions de tonnes de CO2 sont recensés par ces quatre ONG (Data4Good, Éclaircies, Reclaim Finance et Leave it in the ground).
Un risque majeur
Les émissions combinées des bombes carbone et des nouveaux projets d’extraction totalisent plus de 1 400 gigatonnes, 11 fois le budget carbone disponible (la quantité maximale de CO2 que l’humanité peut émettre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C). Elles dépassent très largement la « marge d’erreur » climatique qu’il nous reste avant de casser durablement la stabilité du système terrestre.
Ces programmes d’extraction nous amènent bien au-delà des limites dans lesquelles les besoins de l’humanité peuvent être satisfaits sans excéder les capacités planétaires. Aujourd’hui, sept des neuf limites planétaires ont été franchies. La poursuite de ces projets nous fait courir le risque d’un effondrement climatique irréversible.
TotalEnergies en tête du classement
Parmi les acteurs et principaux bénéficiaires de cette fuite en avant, TotalEnergies pointe en tête avec 154 projets, petits et gros, dont 30 « bombes carbone ». Le grand groupe pétrolier français, qui a réalisé près de 15 milliards d’euros de bénéfices en 2025, est soutenu par les milliards des grandes banques (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Banque populaire et Caisse d’épargne). Le gel des investissements fossiles devait pourtant être une exigence depuis 2015 pour rester dans les clous. Comble de l’hypocrisie, TotalEnergies veut nous convaincre de son tournant « environnemental ». Mais le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné l’entreprise pour pratiques commerciales trompeuses, première condamnation d’un grand groupe pétrolier pour greenwashing en France.
L’extractivisme du 21e siècle
Les bombes carbone sont le nouveau visage de l’extractivisme du 21e siècle. Quelques exemples dans lesquels TotalEnergies est impliqué : le forage pétrolier de Tilengo en Ouganda, un gigantesque gazoduc offshore au Mozambique, le projet d’extraction de pétrole et gaz en Argentine, baptisé Vaca Muerta. Souvent situés dans des zones écologiquement sensibles (zones arctiques, régions côtières, terres indigènes, zones de biodiversité) et sur les territoires de vie des peuples autochtones, ils frappent des populations vulnérables. Les bénéfices sont captés par les multinationales, avec la complicité des gouvernements locaux dépendants de ces rentes.
Pour organiser la résistance contre ces projets climaticides, une coordination internationale des luttes anti-extractivistes se tiendra du 12 au 16 novembre à Belém (Brésil).
Dominique, pour la commission écologie