Publié le Jeudi 22 mai 2014 à 17h00.

Travail dominical : préparer la confrontation

Après les déclarations gouvernementales de ces dernières semaines favorables à l’extension du travail dominical, les forces en présence continuent à avancer leurs pions dans la perspective de l’adoption, à l’automne prochain, d’une nouvelle loi sur le sujet.

C’est d’abord la nouvelle maire PS de Paris, Anne Hidalgo, ex-inspectrice du travail, qui propose la création d’une mission d’évaluation sur le travail dominical pour « qu’on mette vraiment cartes sur table, qu’on regarde ce que ça coûte à la collectivité, qu’on regarde ce que chacun est prêt à faire, mais surtout sans généralisation, et dans une concertation territoriale ». De son côté, le Medef fait valoir que le temps presse car Paris, bien que première destination touristique mondiale, perdrait du terrain dans la compétition mondiale entre grandes capitales… Outre l’extension des zones touristiques existantes, dont celle des Champs-Élysées, il en exige de nouvelles, dont les Grands Magasins, en toute urgence. Rien que ça ! Après avoir essuyé une défaite en 2010 sous la mandature de Delanoë qui a refusé l’ouverture dominicale de l’axe Haussmann, il veut prendre sa revanche, promettant, au passage, des créations d’emplois aussi fumeuses que celles qui découleraient du Pacte de compétitivité.

Recomposition, pression, mobilisation De son côté, la CFDT se positionne dans la perspective de futures négociations en suspendant son syndicat francilien du commerce, membre du CLIC-P et fort de plusieurs milliers d’adhérentEs : il est clair que l’orientation de ces derniers, hostile à l’extension des horaires d’ouvertures, gêne au sein d’une organisation plus ouverte à la « négociation »... surtout quand elle n’est pas menée sous la pression. Outre qu’il s’agit d’une grave entorse au fédéralisme syndical, il y a fort à parier que des équipes CFDT vont rejoindre dans les semaines qui viennent les organisations qui continuent à s’opposer à l’extension des horaires d’ouverture. Il faut remonter à 2001 pour assister à une telle recomposition syndicale dans ce secteur, date à laquelle le syndicat CFDT du commerce parisien, lui aussi en opposition, avait rejoint la CGT. La pression, c’est justement ce que le CLIC-P continue à exercer en obtenant, avant même la décision de justice, la fermeture avant 21 h du Printemps, d’autres enseignes étant dans le collimateur. La bataille est aussi à mener sur le plan interprofessionnel car toutes les professions auraient à pâtir d’une telle extension. Outre la constitution d’un axe traditionnel CGT-FO-FSU-Solidaires, il est possible d’aller au-delà. Ainsi, la CFTC, qui a radié l’an dernier son syndicat francilien, lui aussi membre du CLIC-P et désormais adhérent à l’UNSA, se déclare toujours opposée au travail dominical, même si, dans le même temps, elle a signé l’accord fixant les contreparties sociales au travail dominical dans le bricolage mais aussi celui sur le travail de nuit chez Sephora, retoqué depuis… De même, ces revendications pourraient être reprises et défendues dans le cadre du mouvement politico-social issu du 12 avril. Bref, du travail en perspective !

LD