Publié le Mercredi 5 septembre 2018 à 15h38.

Travail dominical : stop ou encore ?

Ça recommence… Une vingtaine de députés LREM, dans la perspective de la loi PACTE qui doit être examinée à partir du 12 septembre à l’Assemblée nationale, se sont fendus, dimanche 19 août, dans le journal d’un millionnaire, d’une tribune exhortant à « aller plus loin » sur le travail dominical.

Sous leur plume, tous les poncifs sur le sujet y passent : banalités économiques (les grandes enseignes ont déjà toutes leur équivalent sur internet qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7), contre-vérités (des créations d’emplois et une hausse du chiffre d’affaires là où l’intersyndicale CLIC-P a démontré le contraire en prenant appui sur les bilans de ces mêmes entreprises), prétendu engouement du personnel pour ces ouvertures (les majorations de salaire apparaissent comme une réponse immédiate à la smicardisation grandissante, et une dualité entre ceux qui travaillent régulièrement et occasionnellement le dimanche s’est développée), mais surtout des considérations sur la liberté qui trahissent l’idéologie des auteurs.

La liberté ou l’esclavage ?

Quelle liberté ? Celle d’acheter ? Encore faut-il en avoir les moyens − et pas uniquement le dimanche − alors que la hausse de la CSG, entérinée par ces mêmes parlementaires, le décrochage entre les salaires et l’inflation, et le projet de désindexation des retraites et de plusieurs minima sociaux sont là pour rappeler tout le contraire. Celle de se divertir ? Là aussi, encore faut-il en avoir le temps alors que la flexibilité en matière de rythme de travail est devenue la norme suite aux ordonnances, et refuser que la culture soit réduite au marchandage de nos désirs.

Nous savons bien que, dans une société fondée sur l’argent, il ne peut y avoir de véritable liberté que pour une poignée de possédantEs : la liberté pour les salariéEs, tout comme pour les petites entreprises obligées de s’aligner sur l’ouverture des grandes, ce n’est plus celle de se reposer ou de fermer le dimanche, mais celle de pouvoir travailler ou ouvrir ce jour-là ! Cette novlangue libérale a un ton orwellien : « La liberté, c’est l’esclavage ». 

Pour un front social et politique

En fait, ces élus veulent aller au terme de l’entreprise de généralisation du travail dominical et nocturne, accentuée par un certain Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie. Il est vrai que le gouvernement leur fait la courte échelle : suite à l’annulation par la justice administrative de plusieurs zones touristiques internationales (ZTI), créées par la loi Macron de 2015, il vient de requalifier ou de redécouper les ZTI ainsi annulées pour que les commerces qui s’y trouvent puissent tout simplement continuer à ouvrir chaque dimanche !

En réponse, des conseillers parisiens de gauche ont dénoncé la banalisation du travail dominical, qui se traduira entre autres par la remise en cause des compensations accordées aux travailleurEs concernés. Fort des batailles passées, il est urgent de constituer un front commun regroupant syndicats, associations et forces politiques, et de ne pas séparer cette lutte de la mobilisation interprofessionnelle qui se dessine : mettre en échec le macronisme sur son geste inaugural serait un formidable encouragement pour touTEs.

LD