Pendant trois jours, les 23, 24 et 25 mai, les conducteurEs de bus, de tram et la maintenance de ce secteur ont fait grève massivement : avec 50 à 60 % de grévistes, de nombreuses lignes n’ont pas été desservies.
Les équipes militantes se sont retrouvées autour des piquets matinaux, puis se sont rassemblées lundi devant le ministère des Transports et mardi devant le siège social de la RATP. Une manière de dénoncer « l’ouverture à la concurrence » qui n’est qu’une mise en concurrence des travailleurEs eux-mêmes au profit de l’entente des grands groupes du secteur. La direction de la Régie entend faire passer le « cadre social territorialisé » (CST) dès cet été – probablement au 1er août.
La lutte contre le chantage
Au menu : suppression de certaines primes et aménagements, vol de jours de congés, etc. La direction chiffre l’augmentation du temps de travail prévue à 120 heures par an, la CGT à 190. Dans tous les cas, entre un mois et six semaines de travail volé ! Le tout accompagné d’un chantage : la vague promesse d’une prime équivalente à un 14e mois à condition que les syndicats signent ce recul social. Et pour ça la direction n’a pas lésiné sur les moyens et a envoyé ses cadres militer auprès des salariéEs pour les convaincre d’accepter et de faire pression sur leurs syndicats pour qu’ils signent. Mais discours policés ou tracts en couleurs et papier glacé n’auront pas suffi à convaincre de l’entourloupe que représente cet accord. Face à ce chantage, les travailleurEs de la RATP ont choisi la lutte !
Si les salariéEs ont répondu massivement présent dans la grève, ce sont les directions syndicales elles-mêmes qui ont fixé des limites à l’action des conducteurEs de bus. L’appel à trois jours de grève, ficelé à l’avance et décidé d’en haut, n’a pas aidé à convaincre de l’utilité de se rendre sur les piquets de grève pour organiser la suite du mouvement. Le choix de limiter la grève aux seuls conducteurEs de bus et tram – même si les ouvrierEs de la maintenance des dépôts ont tenu à juste titre à s’y joindre – favorise l’émiettement des réactions alors qu’il est urgent de les regrouper. Car des raisons de se rejoindre, il y en a dans tous les secteurs de l’entreprise : la mise en concurrence, la dégradation des conditions de travail, le manque d’effectifs et surtout les salaires trop bas qui ne suivent pas l’inflation concernent aussi le métro, les ateliers et même les bureaux ! Ces secteurs sont d’ailleurs loin d’être endormis : grèves surprises isolées au métro, grèves perlées au RER (notamment une grève d’une heure sur le RER B devenue célèbre après le fiasco du préfet Lallement et de Darmanin dans l’organisation de la finale de la Ligue des champions), un éventuel appel à la grève en juin dans les ateliers.
La colère est bien là pour construire la riposte à la politique patronale de la RATP, malgré les limites que posent les organisations syndicales. Il faudra imposer des suites rapidement, avant le 1er août, et dans tous les services, pour construire un rapport de forces à la hauteur qui permettra de faire reculer tous les projets de la direction.