Après l’annulation d’un premier CE extraordinaire, c’est finalement mardi 24 janvier que la fermeture du site Whirlpool d’Amiens a été annoncée. Le 1er juin 2018, le site aura fermé ses portes, après une baisse de l’activité qui commencera au printemps si les plans de la direction « Europe-Moyen-Orient-Afrique » du groupe vont jusqu’au bout.
Les travailleurEs ne se faisaient pas d’illusion sur la stratégie mise en œuvre par le groupe : depuis le rachat de la marque par Indesit, investissements et embauches arrêtés, modèles de lave-linge fabriqués considérés comme obsolètes, et enfin arrivée de Carlos Ramos comme directeur, connu pour avoir fermé plusieurs usines par le passé... Comme le soulignait un militant CGT à la presse, les efforts des salariéEs auront été vains, le groupe décidant la fermeture du site malgré la mise en place d’un accord de compétitivité.
Avec cette décision, ce sont donc 290 salariéEs qui vont rester sur le carreau en juin 2018, cela sans compter les intérimaires. Il faut y ajouter le sous-traitant Prima et ses 50 CDI, lui aussi situé à Amiens, et produisant exclusivement pour le site Whirlpool.
Face aux blablas de la direction et du gouvernement...
La direction annonce dans un communiqué qu’elle « engagera les ressources nécessaires pour rechercher des solutions appropriées pour les salariés », en clair l’application de la loi par des propositions de reclassement, ainsi que pour « la réindustrialisation du site ». Sitôt l’annonce faite, le gouvernement a convoqué une réunion jeudi dernier à Matignon avec les élus locaux, d’où, à peine la réception finie, on comprenait qu’il en ressortirait très peu, si ce n’est un « plan particulier pour Amiens » et une fenêtre d’exposition pour deux secrétaires d’État, régionales de l’étape puisque ex-députée de la Somme et future candidate. Et les élus locaux de droite de dénoncer une fermeture « fondée sur la rentabilité financière ».
Pour le gouvernement en tout cas, l’enjeu n’est pas la sauvegarde des emplois, on s’en doutait, mais de « faire respecter le droit et donner un avenir industriel à ce site »... ou d’essayer de faire cracher un peu d’indemnité supra légale à Whirlpool, et quelques billets pour la revitalisation. Histoire de pouvoir dire que les salariéEs n’ont pas été abandonnés...
Une riposte des salariéEs reste à construire
Les pouvoirs publics ne sont pas très sereins. En témoigne l’empressement à la réunionite aussi bien localement que dans les ministères. Car la lutte des Goodyear est dans toutes les têtes et l’exaspération sociale à son comble, dans une ville ancienne place forte textile et industrielle et une ex-région picarde qui en est à son quatrième PSE d’ampleur en un an : l’abattoir Bigard, les usines NLMK et Pentair de Beautor et Ham.
Justement, du côté des salariéEs, il faut espérer une réponse à la hauteur, un élu CFDT devant la presse disant de façon ironique que « si l’on en reste à de simples débrayages ça sera beau ». Ils auront en tout cas besoin de tout le soutien nécessaire pour que se crée autour d’elles et eux plus qu’une simple solidarité, les politiques ayant déjà décidé pour eux qu’il fallait être « raisonnable »...
Correspondant