De par son dynamisme et son caractère massif, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre a été porteuse d’un nouvel élan dans le combat pour l’émancipation sociale.
Une nouvelle vague de féminisme semble se dégager à partir de l’émergence de mobilisations puissantes ayant eu lieu dans différents pays du monde, l’Argentine, le Mexique, l’Espagne, la Pologne ou encore l’Iran. Leur force consiste en la capacité à faire converger des revendications hétérogènes dans une critique structurelle du système de domination capitaliste et patriarcal où les deux entités sont étroitement enchevêtrées.
Les VSS au cœur de la lutte contre la domination patriarcale
Le mouvement #Metoo, qui a permis de faire avancer les consciences contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde entier, continue à résonner et à secouer l’ordre patriarcal. Le 8 mars a donc été également l’occasion pour porter une parole collective forte capable de balayer les siècles de silence autour des féminicides et des violences subies par les femmes. Dans les coulisses du monde du cinéma, dans les lieux de travail comme dans les partis politiques, la libération de la parole des oppriméEs fait trembler tout un système sexiste de gestion du pouvoir trop longtemps normalisé et banalisé. La dénonciation des violences devient alors un nœud crucial du combat féministe en raison du rôle qu’elles endossent dans la reproduction des relations de domination patriarcale.
Une vague de solidarité internationaliste face au génocide en Palestine
Les manifestations du 8 mars ont réussi à mobiliser largement dans un contexte marqué par la défaite du mouvement des retraites et la relative faiblesse des structures qui se mobilisent au niveau national pour dénoncer le génocide en Palestine. Une forte solidarité internationaliste contre la barbarie de l’attaque coloniale de l’État d’Israël s’est exprimée dans les rues. Les cortèges solidaires de la cause des femmes palestiniennes ont été très visibles et dynamiques. Cela a permis de réaffirmer l’importance d’un mouvement des femmes international et autonome qui s’oppose à l’ordre social capitaliste, impérialiste et patriarcal.
La grève féministe revitalise les répertoires du mouvement ouvrier
« Nous nous mettons en grève pour dénoncer le capital qui exploite nos économies informelles, précaires et intermittentes » : c’est avec ces mots que l’appel à la grève féministe internationale a été lancé en Argentine en 2017. Sept ans après, la grève féministe a fait son chemin et s’est imposée dans les cadres syndicaux, politiques et associatifs. Il s’agit d’une énorme victoire du mouvement féministe qui, à travers l’appropriation du principal outil de lutte de la classe ouvrière, arrive à formuler une critique structurelle de la société capitaliste contemporaine, capable d’articuler le travail reproductif non rémunéré des femmes et l’exploitation de la main-d’œuvre, les violences économiques et coloniales et leurs intersections avec les violences patriarcales.
Dans un contexte de reflux des luttes sociales, les femmes arrachent l’introduction de la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution. Si cette conquête n’est pas totalement satisfaisante, on parle en effet de « liberté » et non pas de « droit » et les politiques de démantèlement de l’hôpital public ne semblent pas garantir un accès concret, il s’agit tout de même d’une victoire historique du féminisme qui, depuis les années 1960, a fait du droit à disposer de son corps l’un de ses principaux combats.
« Femme, vie, liberté » : le slogan des femmes kurdes, scandé pendant la mobilisation en Iran, constitue à la fois un projet d’émancipation sociale et une consigne stratégique incontournable. Nous ne pouvons pas envisager une société libre sans agir en même temps pour libérer les femmes et les personnes LGBTI de l’oppression.
Au fur et à mesure que les luttes des femmes grandissent, leurs revendications acquièrent une dimension de plus en plus transversale aux différentes sphères, du droit à l’égalité dans le travail au droit à disposer de son corps, en passant par la construction d’un rapport des forces dans le contexte de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
La vivacité de cette journée internationale et son caractère massif montrent à quel point le combat des femmes est crucial dans les processus de transformation révolutionnaire de la société. o