Publié le Mercredi 11 octobre 2017 à 11h55.

Abolition des armes nucléaires : c’est quand qu’on commence ?

Le 6 octobre, le prix Nobel de la paix 2017 a été attribué à ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), la campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Une façon de saluer les efforts de centaines d’ONG du monde entier, qui avaient abouti le 7 juillet 2017 à l’adoption par 122 pays membres de l’ONU du traité d’interdiction des armes nucléaires.

Une bonne nouvelle car tout ce qui renforce, même symboliquement, le camp de celles et ceux qui se battent pour l’élimination de cette arme de destruction massive et définitive des humains et de l’ensemble du vivant, est une excellente chose.

Le constat de la présidente du comité Nobel est incontestable quand elle déclare : « Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord ». Nous ne pouvons que reprendre à notre compte ce qu’elle ajoute : « les prochaines étapes vers la réalisation d’un monde sans armes nucléaires doivent impliquer les États dotés de l’arme nucléaire ».

Effectivement, neuf États détiennent actuellement l’arme nucléaire. En premier lieu les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine, auxquels se sont ajoutés l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. Ce qui démontre que la non-prolifération des armes nucléaires prônée par le traité du même nom, conclu il y a près de cinquante ans en 1968, est une sinistre farce.

Sans surprise, la France, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, est fermement opposée au traité d’interdiction en affirmant qu’il « méprise clairement les réalités de l’environnement sécuritaire mondial ». Pourtant, l’environnement mondial montre combien la prétendue dissuasion ne fait qu’alimenter la prolifération de l’arme nucléaire et produire un monde plus dangereux, plus injuste, plus inégalitaire, plus guerrier...

Il n’y a pas d’échappatoire : la seule issue est la destruction des forces de dissuasion nucléaire, en France et ailleurs, et l’arrêt du nucléaire qu’il soit civil ou militaire.

 

Christine Poupin