Avec des organisations syndicales déjà bien occupées par les attaques antisociales, il n’est pas toujours facile d’aborder des questions qui semblent loin du quotidien des collègues de travail, surtout lorsque le matraquage médiatique est aussi hostile et mensonger qu’il l’est sur le génocide à Gaza.
Malgré les obstacles, des initiatives syndicales de solidarité avec le peuple palestinien ont commencé à voir le jour ces derniers mois notamment en réponse à l’appel de syndicalistes palestiniens.
Mettre en lumière les collaborations avec l’État d’Israël
Depuis 2024, plusieurs syndicats de grandes entreprises ont interpellé leurs directions sur les collaborations avec l’État génocidaire d’Israël notamment chez Thales1 et STMicroelectronics2 et plus récemment chez Airbus3. Démontrer les faits et convaincre les collègues s’appuie sur les recherches de l’Observatoire des armements, les rapports d’Amnesty International ou les compilations réalisées par Stop Arming Israël. Un travail de recherche, sur la base des documents fournis aux instances représentatives du personnel et de données qui ne sont connues que des salariéEs, est indispensable. Publier ces informations nécessite un certain nombre de précautions pour ne pas mettre en danger les salariéEs qui le font. Il existe aussi des actions de solidarité depuis de nombreuses années, comme le projet de collaboration entre les syndicats d’enseignants d’éducation physique (SNEP-FSU, FSGT) en France et ceux de Palestine4.
Informer pour mobiliser !
Ce travail d’investigation et d’information a pour objectif de mobiliser les travailleurEs, au-delà des syndicalistes internationalistes convaincuEs. C’était l’une des préoccupations des militantEs présentEs fin mai à la journée d’étude intersyndicale FSU/Solidaires/CGT : expériences concrètes partagées, notamment le refus des collaborations dans l’ESR (Enseignement supérieur et Recherche) ou la mobilisation devant le site de production de STMicroelectronics en Isère, organisée par la CGT et Urgence Palestine.
Le refus, à l’appel de la CGT, des dockers de Fos-sur-Mer de charger des conteneurs de pièces pour des armes à destination d’Israël début juin a eu un écho important et reçu le soutien de diverses structures syndicales. Des mobilisations similaires avaient eu lieu en 2023 en Italie et en Grande-Bretagne. Plus récemment, c’est en Grèce et au Maroc que des chargements ont été bloqués ou retardés et, le 6 juin dernier, les dockers italiens avaient de nouveau appelé à la grève.
Une enseignante, qui avait accepté une minute de silence à la mémoire des victimes du conflit israélo-palestinien dans un lycée de l’Yonne, a été suspendue. Les organisations syndicales ont protesté contre la sanction de leur collègue et essayé d’intégrer la lutte contre la répression à la lutte de solidarité avec la Palestine.
Lors de la mobilisation contre le Salon du Bourget, les 21-22 juin, la CGT 93, des syndicats CGT et Solidaires de plusieurs entreprises étaient présents à une table ronde sur le thème Faire la guerre à la guerre au travail, est-ce possible ?
Solidarité avec les travailleurEs du monde entier !
À la suite des bombardements en Iran par Israël, plusieurs appels de structures syndicales d’Iran ont circulé. Après l’intervention des États-Unis, il est urgent de construire des mobilisations contre la généralisation de la guerre, pour dénoncer la responsabilité des impérialismes occidentaux, en solidarité avec les travailleurEs d’Iran. Cette solidarité est coordonnée notamment en France par SSTI (Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran)5. Cette solidarité doit se renforcer !
Elsa Collonges