Après huit ans d’occupation du pays, le bilan pour le peuple afghan reste dramatique.
En réponse au projet de renvoi de réfugiés afghans par Besson, Amnesty International a publié un communiqué rappelant « les graves atteintes aux droits humains perpétrées en Afghanistan, telles que le manque criant des services les plus élémentaires, et le déplacement de dizaines de milliers de personnes, certaines en raison directement du conflit, d’autres à cause de la pauvreté et de la pénurie alimentaire, aggravées par le conflit et l’insécurité».
Pour le premier semestre 2009, les chiffres officiels annoncent une hausse de 24 % du nombre de victimes civiles par rapport au premier semestre 2008. Selon le Rapport sur le développement humain en Afghanistan de 2007, la violence faite aux femmes a atteint des « proportions épidémiques ».
Les fraudes massives lors des dernières élections ne sont que l’illustration de l’absence générale de démocratie. Dans le classement des pays établi par Reporters sans frontières (RSF) l’Afghanistan a encore perdu 14 places en ce qui concerne la liberté de la presse, passant au 156e rang sur 173 pays !
L’opium est redevenu le secteur le plus important d’une économie dévastée contribuant au tiers du PIB (légal et illégal). Alors que l’année précédant le début de l’occupation, la production d’opium avait été réduite de 90 %, elle est passée de 185 tonnes en 2001 à 3 400 tonnes en 2002 et 6 900 tonnes en 2008. Et si la production semble avoir diminué récemment, l’ONU s’inquiète de la constitution de stocks représentant deux années de la consommation mondiale d’héroïne.
Les forces d’occupation utilisent l’épandage, par avion, d’un défoliant extrêmement toxique qui détruit aussi les autres cultures et provoque des maladies dans la population.
Le développement du pays n’est pas l’objectif des forces d’occupation. Depuis 2001, les États-Unis, qui viennent de décider d’envoyer 13 000 soldats supplémentaires, ont dépensé 230 milliards de dollars pour l’intervention militaire contre 38 milliards pour la « reconstruction » (dont la moitié pour la formation des forces afghanes). Proportionnellement la France fait même pire, les dépenses militaires (330 millions d’euros en 2009) étant dix fois plus importantes que celles attribuées à la reconstruction.
Le retrait des forces d’occupation et l’attribution des sommes dépensées par l’armée pour la reconstruction du pays sont le point de départ pour l’avenir de l’Afghanistan. Alors que le conflit se propage au Pakistan, ce serait une victoire pour toutes les populations menacées par l’instabilité du monde et la montée du militarisme.
Il est donc plus que jamais de notre responsabilité de contribuer à un vaste mouvement pour exiger le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Alors que 64 % des Français y sont favorables, ce serait un point d’appui pour virer, en France, un gouvernement qui supprime des emplois et envoie des jeunes privés d’avenir se faire tuer en Afghanistan pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.
Denis Godard