Dimanche, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a annoncé, avec son auto-satisfaction coutumière, que le retrait des troupes combattantes françaises d'Afghanistan s'achèvera « probablement en novembre [...] ce sera fait, plus vite que ce qui était prévu ». Ce retrait est loin d'annoncer la fin de la guerre y compris pour les troupes françaises.Leur intervention continuera sous la forme d'une « aide civile », la mise en application du traité dit « de coopération et d'amitié » qui précise l'aide civile et militaire de Paris à Kaboul. Il a été signé le 27 janvier par le chef de l'État afghan Hamid Karzaï et Nicolas Sarkozy et ratifié le 25 juillet par la majorité de gauche. Les 2 000 soldats qui resteront jusqu'à fin 2013 assureront des tâches de police et la formation, l'encadrement des troupes afghanes. L'accord comprend aussi des projets liés à la santé, l'éducation, l'agriculture, le développement des infrastructures et du secteur minier évalués à plus de 300 millions d'euros, des marchés pour les patrons français.La guerre rapporte et continue. La guerre continue avec son cortège de drames, de morts, d'attentats. Récemment un attentat à la voiture piégée contre une base de l'Otan et de l'armée afghane a fait de nombreuses victimes. Il s'inscrit dans une suite d'attentats ou d'attaques dites de l'intérieur, c'est-à-dire venant de soldats ou policiers afghans contre les troupes de l'Otan qui les encadrent. Ces derniers ont fait 53 morts depuis de le début de l'année.L'ensemble de la situation se dégrade. La misère accentue l'oppression en particulier contre les femmes. Il y a peu, une jeune femme a été décapitée par sa propre famille parce qu'elle refusait de se prostituer. Les violences contre les femmes sont courantes. La majorité de la population vit dans la pauvreté, un enfant âgé de moins de cinq ans sur deux souffre de malnutrition chronique. L'aide à la population nourrit la corruption alors que des milliards sont engloutis dans la guerre.Le retrait de l'ensemble des troupes de l'Otan annoncé pour début 2014 par Obama n'est nullement assuré. Il ne signifierait que la continuation de la guerre par les troupes afghanes sous la tutelle de celles de l'Otan restées sur place. Cette dernière considère l'Afghanistan comme « un bastion pour des activités terroristes contre les pays d'Asie centrale » en lien avec la production et le trafic de drogue, une justification selon elle pour prolonger, si les USA le jugent nécessaire, la présence d'une grande partie des troupes.Les chefs de l'Otan disent clairement que le dispositif militaire qui demeurera après 2014 dépendra de la situation de « sécurité » dans le pays, c'est-à-dire de la capacité de l'Otan a en garder le contrôle. Il ne s'agit nullement de laisser le peuple afghan décider de son sort ni d'aider au développement du pays mais de s'en assurer le contrôle tout en engageant, sous couvert d'aide, une politique de pillage des richesses locales en particulier minières. Intérêts géostratégiques des USA et de leurs alliés se combinent avec leurs intérêts économiques dans la négation des droits des peuples d’Afghanistan.Yvan Lemaitre