Les bourgeois et les incendiaires de ce monde ignorent de plus en plus effrontément les droits de l’homme et le droit international. Ils misent sur la « loi du plus fort ».
En Allemagne, c’est surtout le juriste Carl Schmitt, antisémite et fasciste, qui en a fait la propagande. Déjà dans sa Théologie politique de 1922, il écrivait : « Est souverain celui qui décide de l’état d’urgence. [...] Le cas exceptionnel révèle le plus clairement la nature de l’autorité étatique [...] l’autorité prouve que pour créer le droit, elle n’a pas besoin d’avoir raison. »
De toute évidence, les autocrates, les politiciens autoritaires, les super-riches et les chefs d’entreprise du monde entier s’inspirent de cette ligne directrice, sans avoir pour la plupart jamais lu une seule ligne de Schmitt.
« Sale boulot » et bombes atomiques
Après les attaques de la machine de guerre israélienne contre les installations nucléaires du régime iranien et d’autres cibles, l’ancien de chez Black Rock et actuel chancelier fédéral, Friedrich Merz s’est montré très impressionné. Il a salué ces attaques contraires au droit international : « C’est le sale boulot qu’Israël fait – pour nous tous. »
Mais ce n’est pas tout. Le ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt (CSU) ne se distingue pas seulement par ses refoulements illégaux de réfugiés, tout à fait dans l’esprit du parti fasciste AfD, mais il a également assuré au chef du gouvernement israélien, le criminel de guerre Netanyahou, la solidarité continue de la RFA.
Le chef du groupe parlementaire CDU, Jens Spahn, impliqué dans des scandales de corruption, a encore renforcé cette ivresse froidement calculée de la « capacité de combat ». Fin juin, il a déclaré dans le journal de droite Springer Welt am Sonntag : « Nous devrions mener un débat sur un bouclier nucléaire européen indépendant. Et cela ne peut fonctionner qu’avec l’Allemagne à la tête. »
Avec leurs déclarations cyniques, Merz, Dobrindt et Spahn accélèrent encore le virage à droite exacerbé par les élections fédérales.
L’impérialisme allemand déchaîné
Avec sa politique d’armement, de militarisation et de bellicisme pratiquement illimités sur le plan financier, la coalition CDU/CSU-SPD accélère le déchaînement de l’impérialisme allemand tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Selon les grandes lignes du prochain budget fédéral présentées le 24 juin 2025, le « budget de la défense » devrait passer de 62,4 milliards d’euros en 2025 à 152,8 milliards d’euros en 2029.
À cela s’ajouteront les fonds également exemptés du « frein à l’endettement » pour la protection civile et la sécurité publique (2,3 milliards), les services secrets (2,4 milliards), la sécurité informatique (1,7 milliard) et les livraisons d’armes, principalement à l’Ukraine mais aussi à Israël (8,5 milliards).
Au total, cela représenterait 167,8 milliards d’euros, soit 3,5 % du « produit intérieur brut » (PIB) en 2029. À cela s’ajouteraient les dépenses d’infrastructure militaire, qui représentent 1,5 % du PIB. Au total, environ 240 milliards d’euros par an, soit 41,8 % du budget total prévu de 573,8 milliards d’euros, seraient alors consacrés à la « défense » en 2029 !
Information et résistance !
Au moins deux petites questions se posent ici. Premièrement : qui ou quoi doit être « défendu » dans une guerre « moderne », menée avec des armes nucléaires ? Certainement pas les quelque 83 millions de personnes en Allemagne qui n’appartiennent pas à la petite classe des 678 000 riches et des 3 900 super-riches. À eux seuls, les super-riches possèdent 27 % de l’ensemble des actifs financiers. Et deuxièmement : qui doit payer ? Selon la volonté du gouvernement Merz/Klingbeil, en tout cas pas ces 682 000 millionnaires et milliardaires auxquels il est particulièrement redevable.
« Des canons plutôt que du beurre », disait déjà le fascisme. Ce slogan nazi est repris sans scrupules par des propagandistes bien payés de la militarisation, tels que les professeurs d’économie et « conseillers politiques » Clemens Fuest (Institut Ifo) et Moritz Schularick (Institut für Weltwirtschaft/IfW).
Selon le journal télévisé Tagesschau, Fuest a déclaré : « Des canons et du beurre, ce serait bien si c’était possible. Mais c’est le pays de Cocagne. Ce n’est pas possible. Ce sera plutôt des canons sans beurre ». L’économiste Schularick a déclaré dans le magazine Spiegel : « À moyen terme, il n’y aura pas d’autre choix que de prendre des décisions budgétaires difficiles entre “les canons et le beurre” ».
Il nous appartient à tous d’informer le public sur cette folie – très profitable pour quelques-uns, mais extrêmement dangereuse et coûteuse pour la grande majorité – de la combattre et d’y mettre un terme.
Heinrich Neuhaus