Les résultats des législatives sont le reflet du climat politique, avec une forte abstention, 43,4 % (36,4 % en janvier) et 2,42 % de blancs et nuls. Cela montre l’ampleur des désillusions, mais aussi du manque d’espoir en la possibilité d’une alternative de gauche antimémorandum.
C’est la traduction de ce que l’on ressentait pendant la campagne : les meetings athéniens de la gauche montraient une mobilisation en baisse, 1 000 à 2 000 pour Antarsya-EEK et 5 000 à 6 000 pour Unité populaire. Si le KKE et Syriza ont rempli la place Syntagma, eux aussi ont réuni moins de monde qu’en janvier.
Syriza renforcé
Les perspectives étaient peu radieuses : face à Tsipras qui demandait avant tout une seconde chance, il a manqué une logique unitaire convaincante pour offrir des perspectives même électorales. Dans ce climat, le risque était grand d’une victoire de la droite et d’un renforcement de l’ensemble des partis promémorandum.
Dimanche, dans les urnes, Syriza a obtenu 1,926 million de voix, 35,5 %, et 145 sièges (en janvier : 2,246, 36,3 et 149) ; Nouvelle Démocratie (la droite) : 1,526 million, 28,1 % et 75 sièges (1,717, 28,1 et 76) ; Aube dorée (de véritables nazis) : 379 500, 7 %, et 18 sièges (388 000, 6,3 % et 17) ; le Pasok : 341 400, 6,3 %, et 17 sièges (289 500, 4,7 % et 13); le KKE : 301 600, 5,5 %, et 15 sièges (338 000, 5,5 %, 15); Potami (droite ultra libérale) : 222 200, 4,1 %, et 11 sièges (374 000, 6 % et 17); Unité populaire : 155 300 voix, 2,9 % ; Antarsya-EEK : 46 100, 0,9 % (42 000, 0,6 %).
Adoucir le mémorandum ?
Les raisons de la victoire de Syriza, incertaine il y a deux semaines, tiennent à plusieurs causes. En positif, il y a d’abord un réflexe anti-droite, la droite voulant revenir sur les quelques acquis des 8 mois écoulés. Mais il y a aussi de la résignation : la nécessité de subir le mémorandum, avec l’espoir que les promesses de Syriza d’adoucir les mesures imposées seront tenues… En tout cas, il est clair que Syriza continue à recueillir un suffrage populaire et ouvrier.
Le vote Aube dorée est en fait en baisse, et cela depuis 2012 (où ils recueillaient 426 000 voix). Mais cette tendance à la baisse est contrée par leurs scores importants sur des îles où affluent les réfugiés : 7 200 voix dans le Dodécanèse (5 600 en janvier) ; 4 200 à Mytilène sur l’île de Lesbos (2 800 en janvier)... Quoi qu’il en soit, un tel score est une horreur, une semaine après que leur chef a revendiqué la « responsabilité politique » du meurtre du rappeur Fyssas en 2013...
Les autres partis promémorandum sont en chute, et si le Pasok semble augmenter sensiblement, il profite de l’absence du parti de Papandreou (152 500 voix en janvier).
Mobiliser et débattre
À gauche de Syriza, c’est la morosité, pour ne pas dire plus : le KKE, qui croyait enfin progresser, recule encore. Et surtout Unité populaire subit un échec a priori surprenant : donnée à 8 % avec 25 députés dans les sondages fin août, elle descend sous les 3 % et n’accède donc pas à l’Assemblée. Les causes sont à creuser : son programme, qui est resté centré sur le retour à la drachme, son refus d’une campagne unitaire avec Antarsya qui respecte l’autonomie de la coalition anticapitaliste, mais aussi un positionnement auquel très peu d’électeurs déçus de Syriza ont adhéré. Enfin, si Antarsya progresse, son score reste bien faible malgré une bonne campagne.
Tsipras a annoncé un nouveau gouvernement Syriza-Anel dans la lignée du précédent. L’enjeu est de préparer des campagnes unitaires pour mobiliser largement à gauche contre les mesures issues du troisième mémorandum. Ce sera aussi l’occasion de débattre des questions de fond !
D’Athènes, A. Sartzekis