Depuis le 16 septembre, au moins 485 personnes ont été tuées et plus de 18 000 arrêtées, dont des centaines de mineurEs. La répression vient de connaître une accélération décisive avec notamment l’envoi de blindés et de mitrailleuses lourdes au Kurdistan.
Les 8 et 12 décembre, deux manifestants de 23 ans ont été pendus : l’un à l’abri des regards, l’autre sur une place publique de sa ville natale. Selon Amnesty International, onze autres personnes ont été à ce jour condamnées à la peine capitale depuis trois mois. L’un d’entre eux pour avoir incendié une poubelle et déplacé une glissière de sécurité !
À la mi-décembre, des procès étaient programmés contre 37 personnes supplémentaires, dont quatre mineurs, pour des accusations pouvant entraîner la peine de mort. Parmi eux, un rappeur, Toomaj Salehi, dont les textes expliquent en grande partie l’acharnement du pouvoir.
Une représentante de Human Rights Watch explique : « Ce qui est nouveau depuis le 16 septembre, c’est l’utilisation très répandue des charges comme "inimitié à l’égard de Dieu" pour des actes comme celui de barrer les routes ou d’incendier les bâtiments, alors que, par le passé, elles ont été utilisées pour des crimes capitaux comme l’assassinat. La précipitation systématique que nous observons dans le déroulement des procès et dans l’application des pendaisons ainsi que la sévérité des condamnations d’une manière générale révèlent la volonté de la justice iranienne de susciter la terreur dans le pays après les manifestations. »
Un régime en grande difficulté
Le recours à la répression frontale témoigne de l’incapacité du pouvoir à utiliser d’autres moyens pour tenter de mettre un terme au soulèvement. Son impopularité n’a jamais été aussi forte. La mollarchie est aujourd’hui incapable de faire descendre ses partisans dans la rue, et les partisans d’une simple réforme du régime ont perdu toute crédibilité.
Le spectre du renversement de la République islamique hante les nuits des mollahs, même si le niveau d’organisation de la population et celui des grèves ne permettent pas d’y parvenir à court terme.
Mais dans un pays où le pouvoir suprême est exercé par un ayatollah de 83 ans à la santé chancelante, son décès se traduirait immanquablement par une crise politique majeure. Si les mobilisations se poursuivent jusqu’à cette échéance, les rapports de forces s’en trouveraient modifiés en faveur des exploitéEs et des oppriméEs.
L’indispensable solidarité
Il est trop tôt pour évaluer dans la durée l’impact sur les mobilisations du durcissement de la répression. Il est donc plus nécessaire que jamais d’y opposer la solidarité des exploitéEs et oppriméEs du reste du monde. Même si dans l’immédiat les manifestations sont en baisse, tous les soirs des actions ont lieu et des slogans sont lancés. Les cérémonies de deuil et les enterrements se transforment systématiquement en « manifestations » contre le régime.
Des appels à descendre dans la rue ont été lancés pour les 19, 20 et 21 décembre à Téhéran et dans le reste du pays. Des grèves sur les salaires sont par ailleurs en cours dans la pétrochimie, et une émeute a eu lieu le 17 décembre à la prison de Karadj.