Sur fond de crise économique et sociale violente, le régime de Téhéran entend obtenir un compromis avec les puissances impérialistes. C’est le sens du nouveau round de négociation engagé entre la République islamique d’Iran avec le groupe 5+1 (cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne).
La population subit la politique économique du régime marquée par le clientélisme, la corruption des différentes factions qui se partagent le pouvoir et le parasitisme des Gardiens de la Révolution qui contrôlent environ 40 % de l’économie du pays. À cela s’ajoute le poids de l’embargo criminel imposé par les grandes puissances.Ainsi, en 2012 le taux de croissance du PIB était de -5,2 %. Le taux de chômage, qui varie selon les différentes statistiques officielles de 15 à 20 %, est en réalité plus proche des 35 % et l’inflation avoisine les 40 %. Le pouvoir d’achat de la population a chuté de 72 % entre 2005 et 2012. Plus de 50 % des 77 millions d’Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté.Cependant, les sanctions imposées par les puissances impérialistes n’ont pas stoppé le programme nucléaire de Téhéran. Elles ont juste permis aux dignitaires du régime et aux Gardiens de la révolution de s’enrichir en organisant le marché noir et la contrebande.
Compromis avec les grandes puissancesMais le régime doit faire face à ses divisions internes qui s’exacerbent à mesure que le pays s’enfonce dans la crise, au rejet d’une frange de plus en plus large de la population et enfin aux bouleversements que connaît le Moyen-Orient sous l’effet entre autres, de la politique colonialiste de l’État d’Israël, des guerres impérialistes en Irak et en Afghanistan, des révolutions arabes et de la situation syrienne.Les effets combinés de ces crises et les impasses de l’impérialisme ont ouvert une nouvelle période dans les relations entre la République islamique d’Iran et les grandes puissances. Le régime de Téhéran a des ambitions de puissance régionale, et compte discuter avec les États-Unis un compromis « gagnant-gagnant ». Cela passe par une nouvelle phase de négociations et de compromis avec les grandes puissances impérialistes, autour du nucléaire, de la levée progressive des sanctions et de la question syrienne. C’est le sens des tractations qui ont repris mercredi 20 novembre à Genève.Les négociations seront sans doute longues et difficiles mais il est évident que les États-Unis et la République islamique souhaitent parvenir à un compromis. La France quant à elle n’a pas les mêmes intérêts immédiats d’où une position maximaliste. Fabius et Hollande se font aujourd’hui les portes-voix de l’État colonialiste d’Israël et du royaume des Saoud, symbole de l’intégrisme et de l’archaïsme dans la région.Quant aux peuples d’Iran, ils n’ont rien à attendre des puissances impérialistes et de la dictature théocratique qu’est la République islamique. Depuis l’élection de Rohani, une nouvelle vague de répression est à l’œuvre à l’encontre des travailleurs en lutte pour leurs droits. Cela s’accompagne d’une série d’exécutions de prisonniers, notamment de prisonniers politiques kurdes. Plus que jamais les forces progressistes ont besoin de notre solidarité.
Babak Kia