Publié le Samedi 28 novembre 2009 à 15h40.

L’Afrique fera-t-elle l’histoire à Copenhague ?

Au regard des enjeux économiques et écologiques que suscite la mondialisation, il convient de s’interroger sur le positionnement de l’Afrique. Que doit-on attendre en Décembre 2009? Comment intégrer ou amener le Nord et le Sud à œuvrer en synergie? Comment valoriser et intégrer les nombreuses expériences du Sud ; pratiques enrichissantes dont regorge l’Afrique et les inscrire dans la problématique ou la stratégie du développement durable? Quels sont les facteurs de blocage ou de promotion de ces valeurs? Quelle synergie établir entre le naturel et le culturel, social et économique? « Une crise où les plus pauvres souffrent à cause des actes des riches doit inciter les pays du Sud à sortir de leur semblant de zone de confort et à faire sentir leur présence dans le nouveau monde ; aussi le Sud doit arrêter de penser sans agir, pendant que le nord agi et lui impose des règles »

Les gouvernements doivent enfin constater que le changement climatique est un fait, et qu’ils ne peuvent présenter la facture aux peuples et à l’environnement. Leur stratégie est néolibérale au changement climatique, c’est : « plus de marché, plus de nucléaire « propre », plus de charbon « propre », plus d’agro carburants « propres » pour faire rouler plus de voitures « propres » et plus d’investissements « propres » pour avoir plus de droits de polluer. Cette logique productiviste ne sauvera pas l’environnement au Sud. Cette stratégie du business climatique crée encore plus d’injustice et d’inégalité sociales Nord/ Sud. La population mondiale craint un choix entre la peste du réchauffement climatique – dont les pauvres sont les principales victimes – et le choléra de la politique capitaliste, qui est insuffisante face au défi – et dont les pauvres sont les principales victimes aussi. On ne sauvera pas le climat comme cela, si nous au Sud ne crions pas au haut et fort. On ne le sauvera pas contre la majorité sociale. Contre les pauvres, contre les petits paysans, contre les travailleurs.

Tous ensemble, luttons pour une politique climatique écologiquement efficace et socialement juste. Une autre politique est possible sans la Banque mondiale.

- Une politique sociale, qui redistribue les richesses et crée de l’emploi pour tous.

- Une politique solidaire, qui donne au Sud les moyens d’un développement propre et autonome.

- Une politique responsable, qui retire l’énergie et l’eau des mains des trusts, car ce sont des biens communs de l’humanité.

- Une politique sereine. Dans les pays du Nord et du Sud, nous devons produire moins, produire pour les vrais besoins des gens, pas pour le profit des entreprises, produire autrement, et apprendre à partager.

L’an prochain marque le 10e anniversaire de la manifestation historique de Seattle. « Climat et Justice Sociale » propose d’aller en masse à Copenhague faire pression sur le sommet climatique des Nations Unis et c’est comme cela nous sauverons le Sud et le Nord écologiquement. « Un autre monde est possible ». Pour notre climat, pour notre mère la Terre, pour la justice sociale, le Sud sera à Copenhague en décembre 2009 !

La Banque mondiale a essuyé un camouflet très symbolique qui décrédibilise fortement son action contre les changements climatiques. Le Congrès américain a en effet refusé la participation des États-unis au nouveau Fonds pour les technologies propres créé par la Banque mondiale, lui reprochant d’avoir inclus les centrales à charbon dans la liste de ses technologies « propres ». Nous pouvons demander au Sud de suivre cet exemple en se retirant du Fonds pour rediriger ses financements vers les mécanismes des Nations Unies.

Alors avis est lancé au Sud ; la Banque mondiale a une campagne de communication très active pour se placer en acteur incontournable du financement de la lutte contre les changements climatiques. Elle a créé notamment de nouveaux « Fonds d’investissement pour le climat », dont un Fonds pour les technologies propres censé soutenir un développement sobre en carbone dans les pays en développement. Ces mécanismes sont critiqués par des défenseurs de la nature, car ils concurrencent les processus multilatéraux des Nations unies au profit d’une institution moins démocratique, et sans aucune légitimité en matière climatique. En effet, à côté de ses déclarations d’intention, la Banque mondiale finance toujours massivement des oléoducs, gazoducs, ou méga centrales à charbon parmi les plus polluants au monde.

Daouda Ouattara