Publié le Jeudi 22 septembre 2011 à 22h12.

Les Indignés face à la répression policière

Ils marchent depuis des semaines à travers l'Europe pour une démocratie réelle. Non violents et pacifistes, ils subissent pourtant la répression à travers les pays qu'ils parcourent. Depuis le 15 mai dernier, le peuple espagnol se soulève et s'oppose aux mesures d'austérité appliquées par les principaux partis au service des pouvoirs financiers. Le vent des révolutions arabes a soufflé sur l'Europe toute entière et la nécessité de mettre fin au système oligarchique se fait plus pressante.

Ce que ces Indignés revendiquent ? Une réelle démocratie. Juste cela. Dans toutes les assemblées générales, les mêmes mots, les mêmes révoltes, les mêmes rages et ce même constat : la base même de la démocratie est bafouée chaque jour dans nos pays. La réponse des Indignés ? Des rassemblements. Partout. En reprenant l'espace public, ils entendent reprendre la parole. Et en reprenant la parole, ils entendent faire bouger les lignes et rappeler à ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir, qu'ils existent et peuvent eux aussi faire entendre leurs voix. Enfin presque. Car leurs voix, ces jours derniers, sont de plus en plus étranglées. Entre le silence radio et l'intox des grands médias, la marche vers Bruxelles aurait bien besoin d'un haut-parleur qui ne déformerait pas les propos des marcheurs !

Samedi 17 septembre, ce ne sont pas 300 mais 1 000 personnes qui se sont retrouvées entre la Cité universitaire et Bastille pour fêter la convergence des deux marches espagnoles (celles venant de Madrid et Barcelone). Durant cinq heures, les Indignés européens ont arpenté les rues parisiennes, en donnant de la voix à leurs idées. Pas de dégradation, comme les médias aimeraient le faire croire... juste des mots tracés à la craie dans nos rues... Des mots contre le capitalisme, des mots contre les banques, des mots contre leur abus de pouvoir. Juste des mots que l'on étrangle qui rendent plus forte encore l'exigence d'une démocratie réelle. En reprenant en main leur outil démocratique, ils sont persuadés qu'ils auront une réelle opportunité de changer la donne et éviter le suicide social de leur peuples. Utopique ? Insuffisant ? Beaucoup reprocheront au mouvement le manque de contenu politique. Certes, les Indignés n'ont pas de programme et accueillent en leur sein des personnes très diverses, pas toujours politisées. Cette diversité, ils la considèrent comme une force et martèlent qu'ils ne veulent que l'outil démocratique.

Et, visiblement, cela fait peur à nos dirigeants. Car l'accueil des forces de l'ordre a été fort impressionnant ces derniers jours. Samedi soir, en nombre considérable place de la Bastille, les CRS n'ont cessé de jouer l'intimidation, allant jusqu'à « accueillir » les marcheurs espagnols devant le gymnase mis à leur disposition afin de les empêcher d'y accéder. Alors que ces marches sont non violentes, les Indignés se retrouvent régulièrement encerclés, encagés, isolés, repoussés et malmenés par la police et la gendarmerie. Lundi soir, boulevard Saint-Germain, la répression a franchit un nouveau seuil avec au moins 80 interpellations et trois blessés graves (dont une personne inconsciente). Une répression policière intolérable, quel que soit le regard que l'on porte sur le mouvement. Cette semaine, la France a fait une démonstration de plus : nous ne sommes plus en démocratie. Prochain rendez-vous : le 15 octobre à Bruxelles.

Coralie Wawrzyniak