Publié le Jeudi 27 mars 2025 à 18h00.

Marine Le Pen invitée par la dictature tchadienne

Il y a plusieurs années que le RN tente de nouer des relations en Afrique, la visite de Marine Le Pen au Tchad du 14 au 16 mars en est le dernier avatar.

La dirigeante du RN, accompagnée d’un de ses proches collaborateurs Louis Aliot, a été reçue par Mahamat Déby, le président tchadien au pouvoir depuis plus de trois ans grâce à un coup d’État soutenu ostensiblement par Emmanuel Macron. Même s’il est relatif, l’intérêt de la dirigeante du RN pour l’Afrique, source et cause de cette « submersion migratoire » tant honnie, paraît pour le moins contre-intuitif.

Le tour-opérateur du RN

Marine Le Pen a déjà été reçue par Idriss Déby en 2018 et par le président sénégalais Macky Sall en 2023. Une visite précédée par une tribune dans le journal l’Opinion dans laquelle elle émettait une proposition incongrue, celle que le Sénégal soit membre du Conseil de sécurité de l’ONU au nom de l’Afrique.

Myriam Lamzoudi, élue locale de l’Oise et transfuge du parti Les Républicains, ne ménage pas sa peine pour tisser des liens entre le RN et les représentantEs de pays africains ainsi que de la diaspora. Elle écume colloques et séminaires pour distribuer des cartes de visite et proposer des réunions. Sur son compte Facebook entre deux posts de son chat, elle n’hésite pas à louer Nelson Mandela et à protester contre les injures racistes dont peuvent être victimes certains journalistes français dont le patronyme déplairait fortement à Zemmour.

Mais au-delà de cette petite main, les quelques relations de Marine Le Pen sont le fruit, pour la plupart, de l’entremise de Philippe Bohn, ancien PDG d’Air Sénégal, au carnet d’adresses bien rempli sur le continent. Il use de ses bonnes relations au sein de l’Internationale démocrate-chrétienne pour promouvoir devant les auditoires africains la politique du RN.

Le chacun chez soi identitaire

Lors de ses visites en Afrique, Marine Le Pen évite certains sujets comme les effets positifs de la colonisation, son opposition à toute repentance concernant la politique coloniale de la France, les restrictions des aides et des visas. Elle se montre également très discrète sur les déclarations de son père et mentor qui proclamait en 1986 : « je crois à l’inégalité des races »

Le RN tente de trouver des points de convergence avec certains dirigeants africains en mettant en avant une vision ethno-­nationaliste de la nation basée uniquement sur le droit du sang. Le respect des différences mais chacun dans son pays ainsi que la défense des valeurs de la morale, de la famille et de la tradition. Un discours proche de celui que tiennent les Russes pro-Poutine pour acquérir une acceptabilité minimale de leur présence militaire dans certains pays du continent.

Notons que les potentats africains qui ont accepté de recevoir le père puis la fille Le Pen se montrent totalement indifférents au sort de leurs compatriotes en butte à la haine raciste que promeut en France leur interlocuteur, la même indifférence qu’ils ont dans leur propre pays.

Paul Martial