Publié le Lundi 19 avril 2010 à 14h02.

Méditerranée : union moribonde

L’Union pour la Méditerranée ne représente que l’Europe marchande, au détriment des peuples.Le 7 juin s’ouvrira à Barcelone le deuxième sommet de l’Union pour la Méditerranée auquel sont invités les chefs d’État ou de gouvernement des 43 pays adhérents dont 27 de l’Union européenne (UE) et 16 du sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient. On se souvient des fastes élyséens les 13 et 14 juillet 2008 pour le lancement de cette « union ». Elle devait, dans l’esprit du gouvernement français, rééquilibrer l’Europe en s’appuyant sur les relations anciennes (et coloniales) de la France, donner à son président la stature d’un « grand leader » international, favoriser les intérêts des grands groupes français qui voyaient se créer ainsi un « grand marché », un réservoir de main-d’œuvre à proximité, les possibilités de réguler l’immigration africaine, repoussant sur la rive Sud les frontières de la forteresse Europe.Cette tentative de relance d’une « union » moribonde poursuit les mêmes objectifs que le processus de Barcelone dont elle est issue : rassembler l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée autour de l’économie de marché, le libre échange (sauf pour les produits agricoles de la rive Sud) et la libre circulation des capitaux (mais pas celle des êtres humains).De plus, en mettant à son ordre du jour une relance du « processus de paix au Proche-Orient » et, à cette occasion, la signature d’un accord d’association économique entre l’UE et la Syrie, seul pays de la rive Sud de la Méditerranée à ne pas avoir conclu d’accord de ce type, ce sommet n’ouvre pas la voie à des initiatives condamnant Israël pour ses crimes et ses violations du droit international. Il cherche, tout au contraire, à avancer vers la normalisation des relations des pays arabes avec Israël, sur le dos du peuple palestinien.Une certitude. De ce sommet, les peuples seront absents. Absents les combattants de la liberté contre les dictatures, absents les travailleurs en lutte d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, absents tous ces migrants africains, abandonnés dans le désert ou perdus en mer, expulsés ou parqués dans les camps des deux rives. Il faudra bien qu’un jour ils s’invitent.Le 3 juillet 2008, avant même la fondation du NPA, les militants de Marseille organisaient une manifestation à l’occasion des Med Business Days, réunissant les patrons de 39 pays, préparatoires aux discussions sur l’Union pour la Méditerranée. À cette occasion, ils lançaient  l’idée d’une première rencontre des organisations politiques anticapitalistes des pays riverains ou proches de la Méditerranée afin de commencer à envisager des actions communes et renforcer la solidarité.Reprise au niveau national, cette initiative est maintenant entrée en phase de réalisation.C’est probablement au premier trimestre 2011 qu’elle aura lieu à Marseille. Elle pourrait se tenir autour de trois thèmes : la crise et ses conséquences, les résistances à la crise ; militarisation, logiques de guerre et d’occupation, résistances et solidarité ; l’Europe forteresse, la libre circulation des personnes.Alain Castan