Publié le Jeudi 30 juillet 2009 à 22h40.

Mission en Palestine de militants du NPA. Billet n° 1 Jérusalem, le 27 juillet 2009 : la nouvelle Jérusalem, un vieux projet sioniste

Trois mois après la mission NPA menée par Olivier Besancenot et Myriam Martin, un groupe de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) de la région parisienne actuellement en Palestine témoigne de la situation sur place.

La colonisation à Jérusalem-Est: le quartier de Sheikh Jarrah

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, situé à Jérusalem-Est, nous avons fait la connaissance de la famille Hanoun qui vit ici depuis 1956. Fils de réfugiés originaires de Haifa, Monsieur Hanoun, sa femme et leurs trois enfants vivent sous la menace permanente d'une expulsion. Il en va de même pour deux autres familles à qui l'on demande de prouver que la terre sur laquelle ils vivent depuis des décennies leur appartient. Si ces familles étaient expulsées, elles n'auraient plus qu'à se réfugier sous la tente érigée en novembre 2008 suite à l'expulsion de la famille K. Sous cette tente, la veuve K nous raconte comment son mari a succombé à une crise cardiaque le lendemain même de leur expulsion puisqu'aucune ambulance n'a été autorisée à le secourir. A quelques rues de là, des colons juifs, accompagnés d'une milice armée ont pris possession d'une maison vacante et y entreprennent des travaux dans la plus grande illégalité. Depuis plusieurs semaines, des habitants du quartier et des militants internationaux, et également des juifs israéliens se relaient autour des maisons pour empêcher les éventuelles agressions et les risques d'expulsion.

Ces expulsions et occupations viennent confirmer le projet dont nous a parlé Monsieur Hanoun, la destruction de tout le quartier et la construction de 250 logements destinés aux seuls colons.

La judéisation de la vieille ville

La campagne de colonisation qui s'accélère à Jérusalem-Est participe d'une volonté toujours accrue de faire de Jérusalem une ville uniquement juive. Ce projet s'applique également à la veille ville qui compte actuellement environ 25000 musulmans, 7000 à 8000 chrétiens et 3000 juifs ; mais de nombreux lieux ont été ouverts à la colonisation juive. Dans le quartier musulman de la Tour des Cigognes, un bulldozer a récemment détruit un centre pour personnes âgées qui, comme le terrain sportif et l'école adjacents, avait été fondé par une association du quartier ; à terme, la municipalité prévoit sur ce site la construction de 200 logements réservés uniquement aux citoyens juifs.

L'expulsion des populations arabes s'appuie même sur des arguments religieux, par exemple lorsque l'on « découvre » de nouveaux lieux sacrés, ce qui rend légitime aux yeux des autorités l'expulsion des hiérosolomitains (habitants de Jérusalem) non-juifs.

Le remodelage de la ville s'effectue aussi sur le plan architectural avec deux projets phares : la construction sur l'esplanade du mur des lamentations de la plus grande synagogue du monde qui viendrait ainsi masquer la vue sur le dôme du rocher (là où se trouve la plus grande mosquée de la ville), et l'érection d'une autre synagogue dans l'actuel quartier juif, qui deviendrait le lieu religieux le plus haut de la ville.

Le gouvernement israélien et la municipalité réunissent ainsi toutes les conditions pour que Jérusalem soit à jamais capitale indivisible de l'état d'Israël, effaçant peu à peu son histoire palestinienne.

Ce que vivent les familles palestiniennes et ce dont nous pouvons témoigner est la réalisation d'un projet conscient de l'État israélien. Ariel Sharon disait: « la frontière d'Israël c'est là où nous plantons notre dernière arbre ». Qu'il plante un arbre, qu'il trace une route, construise un tramway, un mur ou élargisse une colonie, l'État d'Israël poursuit selon la même logique colonialiste usant de la stratégie du fait accompli.