Publié le Samedi 1 août 2009 à 23h28.

Mission en Palestine de militants du NPA. Billet n°3 Jérusalem : les Palestiniens, un peuple "présent-absent"

 Trois mois après la mission NPA menée par Olivier Besancenot et Myriam Martin, un groupe de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) de la région parisienne actuellement en Palestine témoigne de la situation sur place.

Au cours de nos différentes rencontres avec des Palestiniens de 1948, deux éléments reviennent systématiquement : la Naqba, comme origine de leur situation présente, et la loi des présents-absents, comme mode législatif de la pérennisation de leur statut de réfugié au sein même de l'Etat d'Israël. 

La Naqba de 1948 à aujourd'hui... 

La continuité du projet raciste et colonial de la classe dirigeante israélienne depuis la création de l'Etat israélien n'est pas évidente si l'on ne considère l'histoire qu'a partir d'une chronologie des évènements depuis 61 ans. En effet, si l'on se base sur une telle approche, il semble que selon les périodes et les changements a la tête des institutions politiques israéliennes, américaines ou internationales, les intérêts des Palestiniens ont été parfois pris en compte. Les accords d Oslo en 1993 sont l'exemple le plus frappant.

Mais l'Etat d' Israël n'est pas né d'une simple résolution de l'ONU en 1948. Le "partage" des terres dans les bureaux de New York a donné lieu, en Palestine, au massacre et au déplacement force de près de 800 000 personnes : c'est la"Naqba" (la "catastrophe", en arabe). Cette agression n'a pas été un accident, elle est le corollaire et la réalisation concrète du projet sioniste, c'est à dire l'établissement d'un Etat juif, ethniquement homogène.

L'objectif affirmé par les dirigeants israéliens et sionistes a l'époque était clair : "libérer" la terre de toute présence non juive afin de réaliser, concrètement, le projet sioniste (établissement d'un Etat juif). L'Etat d`Israël se fonde sur ce massacre raciste, encore largement nié par les autorités israéliennes (et souvent ignoré en dehors du monde arabe).

Expulsés par la force à partir d'un plan militaire pensé, les Palestiniens ont été forcés de quitter leur terres et leurs biens pour rejoindre la Cisjordanie, la Jordanie, l'Egypte, la Syrie ou le Liban : ils sont alors devenus des réfugiés. 

La "loi des absents" ou comment voler les terres, l'histoire et légitimer l'occupation 

Afin de pérenniser et légitimer ce vol et l'occupation des terres, l'Etat d Israël produit une loi en 1950, c'est la "loi des absents", devenue depuis un des piliers de l'appareil législatif israélien.. Ironiquement, ce sont les palestiniens expulsés vers les pays voisins qui y sont dénommés "absents".

Cette loi, toujours en vigueur aujourd'hui défini l'absent comme un habitant ayant quitté les lieux pour un pays ennemi (Liban, Syrie, Jordanie, Egypte, Cisjordanie et Gaza). Elle stipule que les terres ou les biens des "absents" sont mis sous tutelle de l'Etat israélien. Celui-ci en a l'usufruit (possibilité de louer la terre les bâtiments présents, par exemple). Au delà des terres et des maisons, la Naqbah a été la source de l'effacement de tout un pan de l'histoire du peuple palestinien.

Comment créer des réfugiés qui continuent de vivre à proximité de leur propre terre ? C'est l'équation qu'est censée résoudre la loi des présents-absents. Concrètement, aujourd'hui, des colons peuvent chasser par la force des familles palestiniennes, puis décréter leur absence ; ainsi l'Etat israélien récupère la terre (ou les biens, le commerce, l'entreprise...) puis la redistribue à des familles juives, afin d'homogénéiser "ethniquement" le pays.

Le parallèle avec le régime d'apartheid qui a sévi pendant plusieurs décennies en Afrique du Sud est très pertinent pour saisir cette situation. Si l`Etat israélien chasse les palestiniens de leurs terres, ce n'est pas seulement pour bénéficier d'un plus vaste territoire, c'est également pour créer un pays où le peuple, qui était encore majoritaire il y a peu, doit disparaitre, physiquement mais aussi symboliquement, dans le paysage et dans les esprits.