C’est le 12 mai que Trump fera connaître la décision des USA concernant l’accord JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action,) signé à Vienne le 14 juillet 2015 entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne. Par ce texte, l’Iran renonçait à se doter de l’arme nucléaire avec, en contrepartie, la levée des sanctions économiques.
Trump ne cesse de répéter que cet accord est une erreur et que les USA ne peuvent le respecter que si leurs alliés européens remédient, d’ici au 12 mai, à ses « terribles lacunes ». Un tel retour en arrière pourrait avoir de lourdes conséquences, une exacerbation des tensions au Moyen-Orient aux rebondissements internationaux imprévisibles desquels on ne peut exclure un affrontement militaire entre l’Iran et Israël.
Netanyahou pousse au crime
À treize jours de la décision des États-Unis, Netanyahou a tenu à exprimer sa complicité avec Trump en organisant une théâtrale mise en accusation de l’Iran. Netanyahou n’avait rien de nouveau à révéler : seule comptait la mise en scène et la dramatisation pour démontrer qu’« après l’accord, l’Iran a continué à préserver et à étendre son savoir-faire nucléaire pour utilisation future », et ainsi justifier les positions de Trump. Pourtant, fin mars, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Gadi Eizenkot, jugeait que « l’accord, malgré tous ses défauts, fonctionne et reporte la réalisation de la vision nucléaire iranienne de dix à quinze ans ». De son côté, l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) certifie que Téhéran respecte l’accord.
Un nouveau mensonge des deux « menteurs maffieux », pour reprendre le qualificatif de l’ex-patron du FBI James Comey à propos de Trump, dont la seule méthode de négociation est l’exacerbation des tensions, le bluff et la menace du pire.
À la recherche d’un accord régional ?
« L’accord nucléaire n’est en aucune manière négociable. [...] L’Amérique commettra une erreur si elle sort de l’accord nucléaire ; elle en aura des remords historiques » réplique Rohani, le président iranien. Il rejette toute « renégociation » qui supposerait, au préalable, une remise en cause de l’accord.
Les USA savent que l’Iran ne peut plier, et rien ne dit que Trump ne trouvera pas une porte de sortie après avoir affiché sa fermeté. Les USA n’ont pas intérêt à pousser le bras de fer diplomatique trop loin. Leur préoccupation est de renégocier un rapport de forces avec l’Iran, mais aussi avec la Russie et la Chine, avec en toile de fond la Syrie, le Moyen-Orient, sans oublier la Corée. Autour de ces questions, ce sont les rapports entre les grandes puissances et leurs alliés dans le nouveau désordre mondial du capitalisme financier globalisé qui se négocient.
Macron, lors de sa visite à Washington, n’avait d’autre préoccupation que d’offrir à Trump une porte de sortie en proposant « un nouvel accord », maintenir le JCPOA en le prolongeant au-delà de dix ans ; discuter du programme balistique de Téhéran ; parvenir à établir les conditions d’un accord régional. Une porte de sortie qui n’en est pas une, parce qu’inacceptable par Téhéran, et qui n’avait pour fonction que de permettre à Macron de faire mine de se différencier de Trump. Mais la France, ainsi que l’Allemagne, seront contraintes de s’aligner sur les USA.
Le 12 mai, d’une façon ou d’une autre, Trump va rouvrir les négociations pour rétablir un rapport de forces en faveur des USA et, quoi qu’il en soit, au risque du pire…
Yvan Lemaitre