Publié le Vendredi 1 juin 2012 à 12h37.

Solidarité Internationale : « Conga no va ! Agua Si ! Oro No ! »

Le peuple de Cajamarca, province des Andes du nord du Pérou, associé aux organisations et institutions, est s’est organisé pour entrer de nouveau en grève générale dès le 31 mai pour exiger le retrait du méga projet de mine d’or à ciel ouvert Conga, qui menace tout le fragile équilibre hydrographique et environnemental de cette région. Dans le même temps, à Paris, le samedi 2 juin, un rassemblement solidaire est organisé à l’appel du Comité unitaire de solidarité avec Cajamarca (lire agenda page 2). De nombreuses personnalités et de nombreux élus, associations et organisations démocratiques, dont le NPA, soutiennent et appuient cette lutte solidaire.

Au Pérou, il existe actuellement 218 conflits socio-environnementaux causés par l’exploitation minière, dont 49 liés à l’eau au niveau national. Certaines luttes ont réussi à freiner quelques projets. En 2004, celle des paysans péruviens pour la défense du Mont Quilish, a réussi à stopper un projet du géant minier Yanacocha, multinationale contrôlée majoritairement par la compagnie américaine Newmont (51,35 %) associée à la compagnie péruvienne Buenaventura (43,65 %) et à un organisme dépendant de la Banque mondiale (5 %).

C’est justement contre le projet Conga de l’entreprise Yanacocha, qui veut transformer cette région agricole (la Suisse péruvienne) en un immense campement minier, que se développe la plus grande mobilisation populaire depuis plus de 20 ans. Ce projet minier a été approuvé en 2010 sans aucune transparence et sous la présidence d’Alan Garcia. La mobilisation populaire s’est traduite par une première grève générale indéfinie de toute la région en novembre-décembre 2011 et a été à l’initiative de la première marche nationale de l’eau en février 2012 pour faire reconnaître l’eau comme un droit fondamental. Cette lutte représente une étape importante dans la prise de conscience citoyenne du caractère indissociable entre le combat pour la défense de l’eau et celui contre l’injustice sociale, entre lutte sociale et lutte environnementale.

La grève générale de Cajamarca de novembre s’est déployée sous la présidence du nouveau président Ollanta Humala, élu en juin 2011. Ce dernier s’était prononcé en tant que « nationaliste progressiste » en faveur de l’eau et de la population de Cajamarca lors de la campagne électorale. La grève générale a provoqué l’annulation de quatre voyages présidentiels à l’étranger, des scissions internes au sein du gouvernement, la déclaration d’état d’urgence dans la province, la démission du Premier ministre Salomon Lerner et son remplacement par le ministre de l’Intérieur, un ancien militaire, Oscar Valdes, remplacement analysé comme un tournant au centre-droit du gouvernement Ollanta.

Cependant, l’entreprise Yanacocha a dû interrompre les travaux du projet Conga, et le gouvernement a dû promettre une nouvelle expertise pour évaluer la viabilité du projet, tout en multipliant la répression, les intimidations contre les animateurs de la lutte, et les tentatives de corruption. Cette expertise, ratifiée récemment par le gouvernement, dont la composition a été désignée sans aucune participation des représentants du peuple de la région, vient de proposer des aménagements partiels au projet. La population de Cajamarca et son gouvernement provincial ont de leur côté engagé une commission d’experts internationaux qui vient, elle, de déclarer le projet Conga non viable. Cajamarca refuse de céder et, sous le mot d’ordre « Conga no va. Agua si ! Oro no ! », se prépare à entrer à nouveau en grève générale après avoir envoyé des délégations dans toutes les régions du sud du Pérou pour obtenir leur solidarité.

À Paris, une campagne de signatures de solidarité avec Cajamarca a été engagée depuis février1.

Correspondante1. Pour signer la pétition : solidaritécajamarcafrancia@gmail.com. Un comité unitaire de solidarité s’est formé. À consulter sur : http://solidaritecajamarca.blogspot.com