Le Pérou vit depuis maintenant trois mois un soulèvement populaire d’une intensité inédite1, à partir des jours et des semaines qui ont suivi la destitution le 7 décembre 2022 du Président Pedro Castillo par le Congrès (Une chambre législative unique) et la nomination à sa place de la vice-présidente Dina Boluarte.
Le centre de la révolte s’est situé au début dans les provinces du Sud du Pérou où vit une forte majorité de communautés autochtones Aymaras et Quechuas. La réponse du gouvernement de Dina Boluarte a été féroce. C’est là, dans la région andine de Apurimac, qu’ont eu lieu les dix premiers morts par balles tirées par la police et les forces armées ; puis Ayacucho a connu plus de dix morts, et au sud-est, Arequipa, cinq autres morts. Le 9 janvier, la ville de Juliaca, dans la province de Puno, à deux pas du lac Titicaca, on comptera 21 morts dont 17 par balles d’armes de guerre. Loin de reculer, les manifestants sont entrés dans des grèves régionales. Ils et elles ont non seulement bloqué de grandes routes indispensables pour l’économie du pays et tenté d’occuper les aéroports provinciaux mais ils ont tenu des assemblées et délibérations et organisé leur riposte. En fait, très vite, la révolte s’est étendue à toutes les régions du pays avec des intensités diverses. Les manifestations dressent les mêmes revendications : la démission de Dina Boluarte, la dissolution du Congrès, des élections immédiates et une Assemblée Constituante2.
Une situation bloquée à l’issue très incertaine
La répression du gouvernement de Dina Boluarte s’est poursuivie jusqu’à atteindre maintenant plus de 60 morts par balles réelles dans une débauche de tirs de grenades lacrymogènes et de chevrotines, avec des centaines de blessés et de détenus, avec l’imposition de l’état d’urgence et du couvre-feu dans certaines provinces, avec envoi de troupes de l’armée. Dina Boluarte dont 70% de la population souhaite le départ (sondage récent) refuse de démissionner, et le Congrès à majorité de droite et d’extrême droite et qui est rejeté par plus de 80 % de la population selon de très nombreux sondages répétés, a finalement repoussé l’avancée de nouvelles élections. Comme l’explique le journaliste Carlos Noriega : « La rue réclame une élection anticipée, présidentielle et parlementaire alors qu’elles sont prévues pour 2026. Une majorité populaire – 73% selon un récent sondage – exige qu’elles aient lieu cette année. Dans ce congrès, un secteur de droite a bloqué cette possibilité […] Au mieux des élections pourraient avoir lieu en 2024. L’alternative offerte par l’extrême droite qui s’oppose à des élections anticipées est une répression accrue pour maintenir ce gouvernement3 ». En même temps certaines provinces et certaines organisations nationales, comme celle des ronderos – autodéfense paysanne – la CUNARC, décident d’organiser une nouvelle marche sur Lima le 13 mars « avec des contingents de manifestants venant de 15 provinces ».
Un mouvement profondément ancré territorialement mais peu articulé au niveau national
À partir de leur auto-organisation territoriale rassemblant les couches sociales et les associations les plus diverses, paysanNEs, étudiantEs, petitEs commerçantEs, autoentrepreneurEs, taxis, camionneurEs… incluant parfois des élus locaux ou régionaux, les communautés décident de leurs actions, délèguent leurs représentants, fabriquent leurs banderoles et pancartes et communiquent dans les réseaux sociaux et organismes de presse locaux. Certes plusieurs organisations sociales et organismes existent à l’échelle nationale et réagissent solidairement contre la violente répression et en faveur des revendications de cette révolte populaire, proposant des mobilisations nationales pour certaines dates : l’Assemblée nationale des Peuples-ANP, la CGTP (la centrale syndicale autrefois puissante), la Fédération nationale des travailleurs de l’enseignement, le SUTEP La CUNARC etc. Elles n’ont pas cependant dans l’actualité l’autorité nationale, ni la capacité organisatrice pour articuler nationalement ce mouvement4. C’est à partir de l’ancrage local, du quartier, de la ville ou de la région que les manifestantEs décident de se mettre en mouvement. L’ANP a proposé une grève nationale le 19 janvier. Les régions mobilisées ont pris la décision d’une marche sur Lima, la capitale, ce jour-là. Pour certains, il s’agissait de la nouvelle « Marcha de los 4 suyos5 », pour d’autres, « la Toma de Lima » (la prise de Lima). Lima est en effet le centre du pouvoir oligarchique, politique, administratif et économique du pays, et concentre le tiers de la population du Pérou soit près de 10 millions d’habitants sur 33 millions. Il s’agit du lieu privilégié où réside l’élite économique et politique du pays. Le rapport de force n’y est pas pour l’instant favorable. Mais c’est là aussi où réside toute une partie des populations pauvres des provinces qui ont fui les Andes ou l’Amazonie pour survivre dans les montagnes et vallées à la périphérie de Lima. Les liens avec la province d’origine ne sont pas coupés.
Ainsi, à la veille de la Marche, ville par ville, celles et ceux qui allaient représenter massivement la communauté ont été désignéEs, avec des collectes pour payer voyage et séjour, et les délégations ont été accompagnées jusqu’aux camions et autobus. Arrivés à Lima, elles et ils ont été accueillis et hébergés soit dans les locaux d’organismes sociaux, soit dans certaines universités, celle de San Marcos ou de l’UNI-formation d’ingénieurs, soit dans les familles des quartiers périphériques. Les manifestations ont eu lieu le 19 janvier dans plusieurs parties de la ville. Même si le centre de Lima a été interdit ainsi que les quartiers privilégiés, les manifestations durement réprimées n’ont cessé de s’y dérouler, le 19 janvier et les jours suivants. Pourtant elles se sont déroulées de façon dispersée, chacune de son côté. À partir des districts populaires de Lima Sud et Lima Est, des habitants de la ville ont accompagné dans les manifestations les délégations de province qui ont pris une forme massive le 24 ou le 26 janvier après l’occupation militarisée de l’université de San Marcos, la plus ancienne de l’Amérique latine, et l’arrestation de 190 personnes, menottées, jetées à terre, humiliées et gardées à vue pendant 24 heures.
Retour sur les causes de l’éclatement de la crise au Pérou
L’élection à la présidence de Pedro Castillo en juin 2021 avait été le produit d’une période d’instabilité politique accélérée, d’un profond rejet des politiques et de grande frustration sociale. À partir de 2016, en six ans, le Pérou a connu quatre Présidents qui n’ont pas fini leur mandat et dont l’un, Merino, a été chassé au bout de cinq jours par de grandes manifestations en novembre 2020. Plus encore, la profonde corruption du système économicopolitique néolibéral en vigueur6 a vu cinq anciens présidents de la République, depuis le mandat de Fujimori, poursuivis et condamnés pour corruption, en particulier par l’entreprise du BTP brésilienne Odebrecht. L’un d’entre eux, Alan Garcia, président du Pérou à deux reprises, a préféré se suicider avant son arrestation. Sous de tels auspices présidentiels, les étroites relations public-privé sont rémunérées à tous les échelons5 et les partis politiques extrêmement fragmentés sont devenus des franchises, fondés par des entrepreneurs pour favoriser les affaires. Ainsi, au fur et à mesure de la sortie des scandales, le rejet du politique et des politiques a profondément gagné les consciences.
Enfin, le modèle économique néolibéral fondé sur l’exportation de matières primaires, après quelques succès et le boom du cours des matières premières entre 2000 et 2012, à tel point que l’on parlait du « miracle économique péruvien » a révélé ses fragilités et contradictions7 : sa dépendance des cours mondiaux, ses inégalités sociales abyssales, ses énormes disparités régionales, particulièrement entre la capitale et les provinces, mais aussi au niveau régional entre les villes et les campagnes, entre les centres-villes et les périphéries, les saccages environnementaux, le racisme structurel ancestral contre les différentes communautés autochtones, la corruption permanente. Malgré les mobilisations de l’année 2000 promettant le changement et la démocratie, le modèle fujimoriste est resté inchangé, bénéficiant d’un haut degré de consensus parmi les classes dominantes et a été même parfois « perfectionné » à travers les gestions de Alejandro Toledo (2001-2006), Alan Garcia (2006-2011) et y compris celle de Ollanta Humala (2011-2016) qui avait pourtant promis la rupture.
Des causes multiples de ressentiment et de colère s’étaient ainsi accumulées depuis de nombreuses années.
De l’élection à la destitution
C’est dans ce contexte qu’un inconnu, un obscur instituteur d’origine paysanne des Andes du Nord, pourvu d’une très récente expérience syndicale enseignante (grève de 2017), Pablo Castillo, outsider ne faisant pas 5 % des voix dans les sondages à quelques semaines du premier tour, est arrivé d’abord en tête en avril 2021 avec 19 % des voix, puis a été élu contre Keiko Fujimori, la fille du dictateur, avec 51 % des voix et donc une différence de seulement 44.000 voix avec sa concurrente.
Avec un discours promettant « plus un seul pauvre dans un pays riche », en faveur des investissements, des routes, des écoles et des hôpitaux partout, avec la promesse de la convocation d’une assemblée constituante pour changer les règles du jeu, sa candidature a capté cette méfiance vis-à-vis des politiques professionnels, les frustrations et les ressentiments des secteurs les plus abandonnés du pays et cette aspiration à changer, bénéficiant aussi du vote anti Fujimori.
Dès son arrivée au pouvoir, P. Castillo a été contesté, harcelé par toute l’élite économique, politique et médiatique de Lima. La déclaration du bureau de la IVe Internationale8 : l’explique parfaitement : « […] Il a gouverné sous la pression d’une élite raciste de Lima, de l’ultra-droite populiste de Keiko Fujimori, d’un parlement et d’une presse pro-coup d’État, qui n’ont jamais accepté qu’un syndicaliste d’origine paysanne et de l’intérieur soit président. Les grands médias, l’ultra-droite parlementaire et le ministère public l’ont assiégé en permanence, avec un blocage systématique des projets de loi de l’exécutif, l’ouverture de six poursuites publiques contre le président en un temps record, et des motions de vacance et d’interpellation successives […]. »
La déclaration poursuit : « Mais au lieu de s’appuyer sur les organisations populaires pour tenir les promesses de changement pour lesquelles le peuple a voté, Castillo a progressivement cédé aux classes dirigeantes, écartant les ministres progressistes ou de gauche et intégrant des technocrates néolibéraux dans son cabinet. En moins d’un an et demi, il a perdu l’initiative politique et a tenté de décréter un “état d’urgence” raté, sans aucune base ni corrélation des forces. La manœuvre a été accueillie par un coup de force au Congrès, qui a été approuvé en neuf minutes, sans droit à la défense et en ignorant les procédures établies dans le règlement même de l’institution parlementaire. »
L’explosion populaire
Malgré les déceptions éprouvées par les 16 mois de gestion gouvernementale calamiteuse de P. Castillo, les conditions de sa destitution ont été ressenties par de nombreuses couches populaires et pauvres de la société péruvienne comme une négation de leur existence et de leurs demandes. Pour elles, P. Castillo représentait symboliquement un Pérou qui aujourd’hui ne se sent pas représenté et c’est ce dernier qui le premier s’est manifesté à Ayacucho, Apumirac, Puno, Cuzco, Arequipa, dans tout le sud du Pérou, des Andes à la côte pacifique, jugeant illégitime la désignation de Dina Boluarte, la vice-présidente qui avait promis que si Castillo était destitué, en aucun cas elle n’accepterait de le remplacer. Très vite comme nous l’avons vu la férocité de la répression qui va s’abattre sur ce Pérou exclu qui proteste pacifiquement va incendier la région, puis le pays. Le cynisme des accusations de Dina Boluarte
innocentant les forces policières, culpabilisant les manifestants et les accusant d’intervention terroriste en liaison avec des forces étrangères (boliviennes), la reprise de ces accusations et calomnies de « terruqueo » dans les médias centraux – « terruquear » signifie traiter de terroriste toute action revendicative, avec la volonté de renvoyer ainsi les imaginaires à la sombre période du terrorisme du « Sentier lumineux » des années 1980 qui ont provoqué plus de 70 000 morts – tout cela a creusé le fossé. Par leur appui immédiat à une Dina Boluarte ne disposant d’ aucune assise sociale et politique personnelle, les forces de droite et d’extrême droite du Congrès ont signifié leur volonté de récupérer le contrôle de l’appareil exécutif avec l’accord de tout le conglomérat oligarchique, de toute la presse centrale. L’établissement de relations directes avec les forces armées et les autorités policières, la poursuite systématique de la répression marquent les contours d’un régime civico-militaire autoritaire et répressif qu’ils veulent consolider et stabiliser par la répression.
Gouvernement illégitime et Congrès
La déclaration du bureau de la IVe Internationale examinant le rôle du Congrès le définit ainsi : « En tant qu’agent du coup d’État, l’actuel Congrès péruvien a prouvé qu’il n’avait pas la légitimité démocratique pour rester en fonction, et qu’il n’avait jamais eu de pouvoir constituant. Après la vacance de poste irrégulièrement approuvée contre Castillo le 7 décembre et la répression brutale des manifestations populaires par le gouvernement illégitime, il est urgent de démettre Boluarte de ses fonctions et d’appeler à de nouvelles élections présidentielles et à un nouveau Congrès.
La profonde érosion populaire du système politique péruvien issu du fujimorisme exige – comme le demandent sagement et courageusement ceux qui se soulèvent contre le Congrès et le président putschiste – un nouveau processus constituant, démocratique et souverain, qui réécrira les règles du jeu en faveur des majorités9 ».
Solidarité internationale avec le peuple Péruvien
La déclaration de bureau de la IV poursuit : « La Quatrième Internationale exprime sa solidarité avec les mobilisations populaires au Pérou et notre soutien actif à leurs revendications, à commencer par la fin immédiate de la répression des manifestations, la libération de tous les prisonniers et une enquête approfondie, avec des observateurs internationaux, sur les morts, les blessés et les emprisonnements perpétrés par les forces armées et la police ».
Elle se conclut enfin par un appel à « toutes les organisations révolutionnaires et progressistes du monde à dénoncer le coup d’État qui a renversé Castillo, le gouvernement autoritaire de Dina Boluarte et le Congrès putschiste, face à la répression brutale qu’ils déploient dans le pays andin. »
À Paris nous avons pour notre part participé aux rassemblements qui ont été organisés par les associations péruviennes dès l’annonce des premières répressions, le dimanche 17 décembre Place de la République et le dimanche 29 janvier lors de la marche du Châtelet à la Place de la République organisée par le « Collectif péruvien contre l’ impunité ». Enfin, le lundi 20 février, à l’appel de « France Amérique latine » et de « l’Asociacion Peruanos unidos por la constituyente » nous nous sommes rassembléEs devant l’Ambassade du Pérou à Paris dénonçant la répression du gouvernement de Dina Boluarte. La prochaine initiative devra se dérouler dans l’unité devant le ministère des Relations extérieures de France pour exiger que le gouvernement rompe son silence face aux massacres commis par le gouvernement de Dina Boluarte contre le peuple péruvien. Le NPA vous appelle toutes et tous à faire un succès de cette initiative solidaire unitaire.
- 1. Certains évoquent comme précédent les 26, 27 et 28 juillet 2020 quand eut lieu « la Marcha de los 4 suyos », une marche nationale venue de tous les coins du Pérou à Lima contre le régime dictatorial et corrompu de Alberto Fujimori qui contribua à la démission de la Présidence de ce dernier quelques mois après. « Les 4 suyos » est une référence aux quatre coins cardinaux ainsi qu’aux quatre Régions qui formaient le territoire de l’empire Inca.
- 2. Dans une interview publiée initialement dans le revue « Jacobin » et reprise dans une traduction française dans le n° 703/704 de la revue Inprecor, Anahi Durand, sociologue de l’université de San Marcos, qui fut pendant quelques mois ministre de la Femme du gouvernement de la Présidence de Pedro Castillo, explique « Je pense que l’ampleur de ces protestations populaires nous a tous pris au dépourvu et pas seulement la classe dirigeante péruvienne. Nous péruviens, sommes habitués à nous considérer comme une société totalement fragmentée où seules des protestations sectorielles ont lieu et, généralement pour des raisons économiques « limitées » : les cocaleros (cultivateurs de coca), les mineurs du Nord, les communautés indigènes de l’Amazonie ». Nous recommandons la lecture des articles sur le Pérou publiés dans ce numéro d’Inprecor qui commence à ouvrir le débat sur la situation de la gauche anticapitaliste et anti-impérialiste de ce pays.
- 3. « Pérou, Pas d’élections anticipées. La présidence et l’extrême droite choisissent l’ordre répressif » Carlos Noriega, 22 février 2023, Alencontre. Carlos Noriega est journaliste du quotidien argentin « Pàgina12 ».
- 4. Dans ce sens, les préoccupations exprimées par Jonathan Fuentes, sociologue de l’université de San Marcos, et membre du MUP-Mouvement pour l’Unité populaire, dans son interview dans Jacobin de février 2023 nous paraissent légitimes : « Il manque à la rébellion populaire un espace articulateur consolidé au niveau national qui puisse accélérer la chute du gouvernement assassin de Boluarte et renforcer le drapeau de l’Assemblée constituante comme stratégie de rupture avec le néolibéralisme. Les organisations populaires traditionnelles de l’ANP, qui ont un poids politique important, n’ont pas réussi à s’articuler avec les organisations populaires régionales au rythme nécessaire. Cette difficulté doit être résolue le plus vite possible : sinon, la dispersion peut s’approfondir, retardant les sauts organisationnels du mouvement populaire qui a avancé depuis des revendications socio-économiques jusqu’à des revendications politiques dans un processus de politisation importante. La création du Comité national unifié de lutte (CONUL) qui intègre les organisations régionales, le Bloc universitaire et Les Limas (Sud, Nord, Est) est dans ce sens un pas en avant important ».
- 5. Cf note 1.
- 6. La tragédie péruvienne trouve en grande partie son origine dans la Constitution actuelle, promulguée par le dictateur Alberto Fujimori en 1993, qui a institué le financement des partis et des candidats par les entreprises - garantissant une majorité quasi perpétuelle aux forces les plus conservatrices et pro-business - ainsi que la possibilité pour l’exécutif d’être constamment sous la menace d’une destitution par le Congrès. Cette Constitution suivant les instructions du « Consensus de Washington » et le modèle constitutionnel de Pinochet, a refondu la structure économique du Pérou. Les articles 58 et 59 établissent le rôle de l’État comme promoteur du secteur privé dans le cadre « d’une économie sociale de marché ». L’Institut péruvien d’économie créé sur ces bases avec l’appui de la Banque mondiale et de grands groupes nationaux, garantit l’osmose entre la Haute fonction publique et les intérêts patronaux.
- 7. 1 % de la population détient 30 % des richesses du pays. Les provinces les plus riches en ressources minières ou gazières sont les plus pauvres en développement. Le taux de pauvreté atteint 45 % autour de la région qui exploite l’énorme mine de cuivre de Las Bambas au sud du Pérou ou dans la région des mines d’or de Yanacocha à Cajamarca au nord du Pérou. Il y a un recouvrement quasi complet entre les cartes des activités extractives et les cartes des indices de pauvreté, ce n’est pas un hasard non plus que ces régions soient celles avec la plus grande densité de populations autochtones et où la répression de l’armée et de la police est la plus sanglante.
- 8. Déclaration du Bureau exécutif de la IVe Internationale janvier 2023.
- 9. Aider le mouvement populaire qui s’est engagé dans ce combat pour en finir avec la Constitution néolibérale de 1993 et pour une assemblée constituante passe par ouvrir un large débat parmi les forces anticapitalistes et anti-impérialistes du Pérou aujourd’hui très dispersées et qui n’ ont plus le rayonnement qu’elles ont pu avoir dans les années 70. C’est ce débat dans lequel se sont engagés les camarades de Sùmate Nuevo Peru dans leur déclaration publiée dans le n° 703/704 d’Inprecor de même que la publication dans ce numéro de l’interview de Anahi Durand : « Les revendications démocratiques et anti-néolibérales synthétisées dans la lutte du mouvement populaire, pose à la gauche péruvienne le défi d’apporter la construction d’un projet politique de rupture avec le néolibéralisme et le capitalisme. La tâche du moment est d’impulser l’alliance ouvrière-paysanne pour qu’elle se dresse en direction nationale de lutte de l’héroïque lutte déployée par nos peuples du Pérou profond. N’importe quelle issue institutionnelle qui proviendrait du congrès putschiste et du gouvernement assassin de Boluarte serait dans le meilleur des cas insuffisant, l’objectif doit passer par en finir avec la néfaste Constitution de 1993 et son projet institutionnel légué par la dictature fujimoriste ».