Du 23 au 25 avril, une délégation du NPA s’est rendue en Tunisie pour rencontrer diverses organisations anticapitalistes et assister à la première conférence nationale de la Ligue de la gauche ouvrière (LGO). L’ensemble des organisations rencontrées (PCOT, PTPD, MPD, PD) ont toutes joué un rôle majeur dans la révolution tunisienne. La dictature de Ben Ali avait forcé les organisations anticapitalistes à rentrer en clandestinité ou à se dissoudre, confrontées à une répression féroce. Le travail patient et courageux de ces militantEs, depuis plusieurs années, a été décisif dans les prémices comme dans le développement de la révolution. C’est dans ce contexte que s’est tenue la première conférence nationale de la LGO qui devrait aboutir d’ici six à neuf mois à un congrès de fondation. La LGO est présente dans plusieurs villes et, bien que n’étant pas encore une organisation de masse, nombre de ses membres sont des dirigeantEs reconnuEs dans plusieurs secteurs de luttes, que ce soit dans les récentes grèves des PTT, dans les luttes féministes ou encore dans les luttes des jeunes étudiants-chômeurs ou les occupations de la Casbah. Lors de la conférence, la situation sociale et politique, la crise et le processus révolutionnaire en cours ont été au centre des débats. Mais c’est aussi l’intervention de la LGO au sein du mouvement de masse que devait préciser cette conférence. Que ce soit au sein de l’UGTT, des Conseils de protection de la Révolution, dans la haute instance où siège une camarade de la LGO, dans la jeunesse étudiante, chez les jeunes chômeurs, les femmes... l’intervention coordonnée des révolutionnaires est centrale afin de faire avancer la révolution, et tenter de limiter l’influence des réformistes ou des contre-révolutionnaires qui tentent de la paralyser. Mais c’est aussi le regroupement, au sein de fronts unitaires, des organisations révolutionnaires et progressistes qui est à l’ordre du jour et débattu aujourd’hui, notamment l’avenir du Front du 14 Janvier. La discussion a tourné autour du développement des luttes et la perspective des élections à l’Assemblée constituante, programmée par le gouvernement le 24 juillet prochain. Faut-il y aller et dans quel cadre d’alliance ? La situation actuelle en Tunisie est très instable et inégale selon les localités et les secteurs, des grèves et des manifestations éclatent quotidiennement. La population se politise et se radicalise de jour en jour et les mois à venir vont être décisifs. Afin de s’opposer aux récupérations d’un appareil d’État qui n’a que peu changé et qui peut trouver des relais dans des organisations réformistes et – aux forces impérialistes qui souhaitent une stabilisation pour relancer leur économie –, une nouvelle étape de mobilisation est nécessaire pour approfondir le processus révolutionnaire en s’appuyant notamment sur les centaines de comités populaires existant dans tout le pays.
Alain Krivine et Cédric Bottero