Publié le Mercredi 15 avril 2020 à 08h16.

Nous ne sommes pas de la chair à patrons

L’urgence c’est la santé, pas de retourner bosser. Alors que la pandémie se répand dans le monde, avec désormais plus de 100 000 mortEs et des menaces de plus en plus précises sur les pays du sud, et que la cinquième semaine de confinement débute en France, Macron a parlé pour la troisième fois. Et force est de constater que, malgré sa tentative de nous endormir, sa politique n’a pas changé d’un iota, toujours aux ordres du Medef !Alors que la pandémie ne cesse de faire des victimes de par le monde et en France avec près de 15 000 mortEs, Macron a donc pris la parole pour la troisième fois. Il a commencé à remercier les premières et les premiers de corvée, les soignantEs, mais aussi toutes celles et ceux qui sont sur le pont, comme les caissières, les éboueurs, les fonctionnaires... Mais son hommage ne fera pas oublier le manque de moyens humains et matériels, en particulier pour les soignantEs, dont les gouvernements successifs les ont privés, et encore moins le mépris de Macron envers les plus modestes. Au-delà des mots, Macron n’annonce toujours pas de moyens pour les hôpitaux : visiblement, « il n’y a pas d’argent magique » pour le service public de la santé…

L’« argent magique » existe… pour sauvegarder les profits

Dans une interview au journal les Échos le 9 avril, Le Maire et Darmanin ont réévalué les « aides » que le gouvernement est prêt à offrir au patronat, sans aucune condition ou presque, pour traverser la crise économique. Non plus 45 milliards comme décidé précédemment, mais 100 milliards, dont 20 milliards réservés aux « fleurons industriels français », c’est-à-dire aux grands groupes du CAC 40 qui arrosent de dividendes leurs actionnaires depuis des années. Bien que Macron ait annoncé lundi soir une « aide exceptionnelle » pour les familles les plus modestes avec enfants (dont on ne connaît ni le montant ni les conditions), la majorité des nouvelles aides sont donc encore pour les entreprises. Elles seront précisées mercredi 15 avril au moment de la présentation du deuxième Projet de loi de finances rectificative mais, d’ores et déjà, gouvernement et patronat nous préparent à payer la facture.

En effet, dans cette même interview, Le Maire a prévenu que la reprise nécessitera « un effort de tous les Français ». Entendez par là : par la majorité des travailleurs et des travailleuses puisque leur politique fiscale en faveur des « premiers de cordée » ne sera nullement remise en cause comme l’a précisé Darmanin. Et deux jours après cette interview, c’est au tour du patron des patrons d’en remettre une couche dans le Figaro, cette fois-ci de façon beaucoup plus claire et précise. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, le temps est désormais à la « reprise », et il appelle donc toutes les entreprises à relancer leur production, Mais il faut aussi songer au « jour d’après » : pour le Medef, cela signifie « revenir à une activité normale », en augmentant le temps de travail et en réduisant les congés !

Macron en contremaître du patronat

Sans grande surprise, Macron a annoncé lundi soir la prolongation du confinement au moins jusqu’au 11 mai, promettant une reprise progressive des établissements scolaires du 1er et 2nd degré à partir de là. Mais dans quelles conditions ? Et pourquoi laisser les universités fermées jusqu’à l’été ? En réalité, cette réouverture des écoles pour les plus jeunes est tout simplement la condition indispensable pour renvoyer leurs parents au boulot, quelle que soit la situation sanitaire. Le Medef l’a ordonné… et Macron exécute.

Sans plus de détails, Macron promet aussi des tests de dépistage pour toutes celles et ceux qui développeront les symptômes, alors que nous savons qu’une contamination sur deux est liée à des porteurs sains sans symptômes... Tout comme le port des masques qui serait généralisé mais pas obligatoire. La politique du gouvernement, étaler le « pic de l’épidémie » afin d’éviter au système sanitaire de ne pas être totalement débordé, apparaît aujourd’hui comme sans issue : le risque s’accroît d’un « déconfinement » chaotique sous la double pression d’une situation de plus en plus insupportable pour une partie de la population, en particulier dans les quartiers populaires, et de la volonté du patronat de relancer au plus vite leur système infernal…

Nos « jours heureux » reviendront avec nos luttes

À l’opposé, nous devons continuer à nous battre pour que notre santé passe avant la fuite en avant capitaliste, pour créer les conditions d’un déconfinement qui ne tourne pas à la catastrophe sanitaire. Cela suppose des mesures d’urgence sanitaire et sociale : – La réquisition des moyens de production permettant la fabrication des tests, des masques et de tous les matériels indispensables à la lutte contre la pandémie ;– Le blocage de toutes les tentatives de redémarrage des activités non indispensable, tout en garantissant aux personnels contribuant aux activités nécessaires un travail en sécurité ;– Un collectif budgétaire immédiat pour permettre à l’hôpital, aux EHPAD, aux services sociaux de faire face : création de 120 000 postes de personnel soignant, l’ouverture des dizaines de milliers de lits fermés depuis une quinzaine d’année ; – La réquisition à grande échelle des logements en hôtels locaux pour à la fois héberger toutes celles et ceux qui en ont besoin dans des conditions décentes et isoler de manière efficace les personnes contaminées afin qu’elles ne soient pas renvoyées chez elles.

Dans ce combat, nous n’oublions bien évidemment pas les plus fragiles, les plus exposéEs, les plus précaires d’entre nous, qu’il s’agisse des femmes, en première ligne et premières victimes face à la crise (lire ci-dessous), des détenuEs, dont le nombre doit être réduit au maximum, des migrantEs, qui doivent être régularisés, hébergés et accéder aux soins.

Pour gagner tout cela, il va falloir résister, se battre, lutter, en commençant en premier lieu par refuser de retourner au boulot – si celui-ci n’est pas essentiel – tant les conditions pour garantir notre santé ne sont pas réunies. Parce qu’entre la protection de nos vies et la logique mortifère de leur machine à profits, notre camp social a choisi !