Dans la nuit du 14 juin, une tour de logements sociaux à Londres a été ravagée très rapidement par un incendie. Lundi, le bilan pas encore définitif était de 79 mortEs, des disparus et des dizaines de blessés. Mohammed, Khadija, Jessica, Ali, Rania, Ibrahim, Sheila, Farah, Isaac, Omar, Nadia, Bassem, leurs familles, leurs enfants, sont morts. Beaucoup sont blessés, et touTEs sont sans toit.
24 étages, 600 personnes, dont beaucoup ont été sauvées parce qu’elles n’ont pas respecté des consignes de sécurité indiquant de rester dans les appartements derrière les portes censées faire coupe-feu. Si elles l’avaient fait, elles auraient été piégées parce que le feu s’est propagé extrêmement vite par le revêtement extérieur : en une demi-heure, ce très grand bâtiment a été entièrement pris par les flammes et des fumées noires. Ce revêtement a été posé l’an dernier pour assurer l’isolation thermique et améliorer l’aspect extérieur de la Grenfell Tower située dans un quartier de plus en plus gentrifié de Londres (Portobello Road). Les éléments techniques, encore contradictoires, se multiplient, permettant de penser qu’on n’aurait pas dû poser ce type d’isolant. Ce dernier est d’ailleurs interdit aux États-Unis et dans l’Union européenne pour des immeubles de cette hauteur, et il aurait permis une minable économie de quelques milliers d’euros en ne posant pas des panneaux résistants au feu…
Les locataires ont vite dénoncé l’absence d’issue de secours, d’extincteurs, et d’alarme incendie.
Theresa May, qui s’est rendue sur place, n’a pas voulu rencontrer les victimes… Elle a dû admettre – face à la colère des locataires et aux manifestations de soutien – qu’il fallait augmenter les sommes allouées pour le secours aux victimes, leur relogement et le nombre de personnels sur place. Mais elle a bien entendu rejeté la proposition de Corbyn de réquisitionner des logements vides !
Un tel drame pourrait aussi arriver ici… Il y a peut-être des règles de sécurité plus strictes en apparence, mais elles ne s’appliquent pas aux bâtiments anciens, et 1974 (date de construction de la tour Grenfell), c’est de l’ancien, comme beaucoup de nos tours et de nos barres dans les quartiers populaires. Et comme le dit un technicien, « Le polystyrène expansé et la mousse polyuréthane ont la même formule à Londres ou Paris ». Cela brûle aussi vite...
On a bien compris la règle : pour le logement des classes populaires, la seule consigne d’insécurité, c’est le moins cher possible !
Isabelle Guichard