Les élections municipales donnent la réponse électorale au catastrophique bilan de près de deux ans de gouvernement Hollande-Ayrault. Et après avoir rempli les rues ces derniers mois, les idées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite remplissent les urnes et envahissent les conseils municipaux.
Avant ce résultat, une grande majorité des organisations syndicales, politiques, associatives, des « personnalités », se sont engagées dans la construction d’une riposte à un gouvernement qui alimente désillusions politiques et montée de l’extrême droiteLe soutien de la CFDT, CFE-CGC et CFTC, syndicats d’accompagnement du social-libéralisme, l’acceptation du dialogue social par les autres directions syndicales, n’ont pas permis la construction d’une mobilisation à la hauteur des attaques patronales et gouvernementales.Malgré tout, les ripostes n’ont pas disparu. Dans les entreprises qui licencient, dans le commerce, la santé, le nettoyage, à la SNCF, à La Poste, à Notre-Dame-des-Landes, ou pour le droit au séjour, au logement... Mais avec des luttes trop souvent isolées, les succès restent ponctuels, partiels.
Ras-le-bol unitaireEn écho au « Y’en a marre » des sans-papiers, au « Re’zo re » (« trop c’est trop » breton), au « ya Basta » d’une large partie du mouvement social, la marche du 12 avril exprime d’abord un ras-le-bol largement partagé face au gouvernement PS-Medef et contre la montée de l’extrême droite. Initié unitairement par le NPA, la construction de cette mobilisation concentre les difficultés de la situation et des ripostes à construire. Le PCF avait envisagé de faire de cette date une initiative à dimension européenne de lancement de la campagne du Parti de la gauche européenne, avec la participation d’Alexis Tsipras de Syriza, et multiplie déclarations et petites manœuvres tendant à chapeauter la marche. Le reste du Front de gauche, notamment le Parti de gauche, tente de contrebalancer ces manœuvres en mobilisant réseaux syndicaux et associatifs.La persistance, voire le développement de méfiances vis-à-vis du politique, des politiques, suscite résistances et hésitations tant du côté des organisations syndicales que du mouvement associatif. Le refus de la direction confédérale d’engager l’ensemble de la CGT fait hésiter des équipes syndicales pourtant localement partie prenante d’initiatives semblables, même si la signature de Georges Séguy ou de Bernard Thibaut soulignent les contradictions et débats qui traversent les rangs de la confédération. Ces hésitations sont perceptibles du côté de Solidaires ou d’associations comme RESF, Attac ou la Ligue des droits de l’homme. Alternative libertaire est signataire de l’appel, tout en étant vigilante sur les risques de confiscation politique, et Lutte ouvrière s’engageant, à cette heure, dans un soutien sans signature de l’appel.Cependant, malgré ces difficultés, les contradictions d’une situation faite de colère et de découragement, la mobilisation se construit. De nombreuses structures syndicales CGT, Solidaires, associations, s’engagent localement et nationalement dans sa construction. Réunions unitaires, collectifs locaux, structures syndicales.... de nombreuses initiatives engagent la popularisation, la mobilisation.
S’opposer clairementMais, au-delà de l’ampleur de la marche, l’autre enjeu est celui du contenu de la mobilisation. Il est indispensable de faire apparaître la nécessité d’un affrontement avec ce gouvernement et le patronat, mais aussi la nécessité de partir des entreprises, des quartiers, par des grèves, des manifestations de rue. Dire aussi que le 12 avril ne doit être qu’un début de mobilisation autour de revendications dont la satisfaction commencerait à modifier vraiment nos conditions de vie et de travail, à redonner l’envie et l’espoir d’un changement radical de société. Rejet du pacte de responsabilité ; égalité des droits pour toutes et tous ; régularisation de tous les sans-papiers ; défense du service public dans la santé, dans l’éducation ; égalité hommes/femmes ; alternative au productivisme et arrêt du nucléaire ; interdiction des licenciements ; réduction du temps de travail avec un seul contrat de travail, le CDI ; arrêt et annulation de la répression des mouvements sociaux.C’est le sens de la construction dans la marche d’un pôle anticapitaliste, antifasciste et autogestionnaire, pour afficher ce rejet clair du gouvernement et donner un coup d’arrêt à la progression de la droite et l’extrême droite.
Robert Pelletier