Publié le Vendredi 2 août 2013 à 11h10.

Affaire Cahuzac : « J’ai la mémoire qui flanche… »

Le 24 juillet dernier, l’UMP a choisi de suspendre sa participation à la commission d’enquête parlementaire chargée de l’affaire Cahuzac tant que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ne serait pas auditionné.La crise est survenue la veille de la suspension des travaux de la commission, à la suite de la deuxième audition de Cahuzac le 23 juillet. Alors que Moscovici avait reconnu au cours de son audition qu’il y avait bien eu une réunion, le 16 janvier, entre le président de la République, le Premier ministre, lui-même et Cahuzac, celui-ci a nié le fait qu’il y avait participé, prétendant ne plus s’en souvenir... Cette réunion du 16 janvier avait pour objectif de discuter le bien fondé et la forme d’une demande d’entraide aux autorités suisses à propos de l’existence d’un compte de Cahuzac dans la banque suisse UBS. Une demande à laquelle la Suisse avait répondu par la négative le 8 février. Le lendemain, le Journal du dimanche titrait : « Les Suisses blanchissent Cahuzac », dans la même veine que la plupart des médias et des dirigeants politiques qui faisaient alors de Cahuzac une victime et des journalistes de Mediapart de vils calomniateurs…

Suite aux prochains épisodes ?La question est de savoir si Hollande et son gouvernement étaient au courant avant le 2 avril. Valls, Taubira, Moscovici, ont nié l’être. Mais comme le dit le Canard enchaîné le 24 juillet, Christiane Taubira recevait toutes les notes du parquet de Paris qui menait l’enquête depuis décembre. Hollande avait été mis au courant puisque l’ancien député du Lot-et-Garonne Michel Gonelle avait informé un membre de son cabinet du fait qu’il était en possession d’un enregistrement de la communication téléphonique où Cahuzac parlait de son compte en Suisse.À défaut de pouvoir auditionner le président de la République, les députés UMP de la commission ont demandé à ce que son Premier ministre soit interrogé... ce que les députés PS ont refusé, entraînant le départ de l’UMP de la commission.Quelle sera la suite donnée à cette affaire qui n’est plus, de fait, celle du seul Cahuzac ? Il est clair que tout est fait pour protéger Hollande et Ayrault d’autant que la droite est elle-même empêtrée dans une série d’affaires qui mettent en cause jusqu’à Sarkozy lui-même...Face à cette corruption généralisée, il n’y a pas de remède possible sans remise en cause du système, sans que soit levé le secret bancaire et mis sur la place publique les comptes aussi bien des grandes fortunes que de l’État et de son personnel dirigeant.

Galia Trépère