Publié le Vendredi 5 juillet 2013 à 11h38.

Affaires : les mœurs de la République des riches

L’Humanité du 28 juin s'interroge à propos des affaires : « Criminalité financière ou crime de classe ? ». Il serait sans doute plus juste de parler des symptômes d'une maladie profonde qui exige un traitement de choc, la corruption généralisée des classes dominantes et de leur personnel politique par la loi du fric...

Tout leur est dû et permis...

Mardi 25 juin, quand Cahuzac était convoqué à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions de ses pairs, DSK était l'invité du Sénat pour discourir économie alors que Tapie était mis en garde à vue. Le plus surprenant était la complaisance, voire la flagornerie, de la plupart des journalistes, tous se félicitant de l'exposé brillant qu'aurait fait DSK. Ledit libertin qui fréquente les proxénètes et se sent pleinement dans son droit quand il abuse d'une femme de ménage noire dans un Sofitel de New York, parade aujourd'hui de Roland Garros au Sénat avec la même morgue arrogante. Cahuzac, convoqué à l'Assemblée nationale, ne peut pas répondre aux questions des députés et nous dit, « le plus sincèrement possible »... « je vous emmerde ». Bernard Tapie s'exclame devant Pujadas, « Oui Monsieur, c’est un complot ! », et se répand sur son sort : « j'ai été trompé, abusé et déshonoré »...Il aura fallu 6 ans pour que l'évidence soit reconnue : à la demande de Sarkozy, Christine Lagarde a ordonné un « simulacre d'arbitrage », selon les termes des juges, réalisé sous l'autorité de Claude Guéant et de quelques subalternes, dont l'actuel PDG d'Orange...

Les bandes organisées ou les sommets de l’ÉtatCette même semaine, Ziad Takieddine a reconnu avoir remis six millions de francs soit 1 220 000 euros à un proche de Nicolas Sarkozy, fin 1994, pour financer la campagne présidentielle d’Édouard Balladur. L'argent proviendrait des rétro-commissions issues des contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Il circulait en grosses coupures dans des valises ! Et, clochemerle des affaires, Jean-Pierre Bechter, le maire de Corbeil-Essonnes, bras droit de Serge Dassault, sénateur UMP, dont il a pris la succession à la mairie suite à l'invalidation de l'avionneur, a été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur deux tentatives d’homicide volontaire. Ces dernières sont en relation avec « l'achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux » lors des municipales entre 2008 et 2010 par Dassault qui s'est donc acheté une mairie !

Faire le ménage, imposer le contrôle de la populationHollande, qui s'affiche comme l'ami des riches et des patrons, voudrait empêcher tous ces excès qui choquent sa bonne conscience. Alors il a fait une loi, la bien nommée loi Cahuzac ! Elle imposerait la transparence, elle ne résoudra rien. Pour s'en convaincre, il suffit d'entendre les cris d'orfraie poussés par tous les intéressés, affairistes, hommes politiques et leurs avocats. Et le PS s’inquiète que tout cela fasse le jeu de Marine Le Pen. C'est surtout leur impuissance vautrée dans leurs privilèges qui laisse le champ libre au FN qui n'a nullement l'intention d'empêcher les « excès » auxquels les élus du FN se sont abandonnés avec délice quand ils en ont eu l'occasion. Il se contentera de bâillonner... la justice.La seule voie pour faire le ménage, la seule méthode, est la mobilisation, l'organisation des travailleurs, de la population pour imposer leur contrôle, exiger des comptes, conquérir la démocratie pour empêcher les puissances de l'argent, les voyous de la finance de nuire.

Yvan Lemaitre