Quand, dans le cadre d’une tournée au Maghreb pour des conférences sur l’écosocialisme, Jean-luc Mélenchon va en Algérie, ce n’est pas pour discuter en internationaliste, solidaire des mobilisations en cours dans différents secteurs (mouvement des chômeurs à Ouargla, mobilisation des différents secteurs publics, Barbacha…).«Vous êtes assez subtils pour deviner qu’étant de passage à Alger, je n’ai naturellement pas l’intention de m'exprimer sur la situation en Algérie » a-t-il déclaré à la presse. Il discute en « patriote » et explique à propos des contrats que Hollande est venu conclure en décembre dernier à Alger : « La vie des nations est également faite de contrats et d’accords. Si les Algériens ne sont pas contents de ces contrats, ils n’ont qu’à en signer d’autres. La République française doit y trouver son compte ».Pas de repentanceMais c'est surtout sur les questions liées au passé colonial de la France en Algérie que Mélenchon soutient Hollande. Pas question de parler de repentance de la France : « Je pense que ça serait une belle perte de temps. La France, c’est aussi moi, et moi je n’ai martyrisé personne, ni mes ancêtres. (…) Je pense que c’est une perte de temps totale et un subterfuge pour ne pas parler d’autre chose, des problèmes auxquels nous sommes confrontés ». Des crimes commis à l'époque de la colonisation ? « Le peuple français n’est pas davantage responsable de la colonisation que de l’esclavage ou de la déportation des juifs ! (…) J’ai dit devant le Sénat français que nos armes ont combattu pour un ordre injuste, celui de la colonisation et qu’il était juste qu’elles perdent ce combat. Le peuple algérien et l’Algérie se sont constitués dans la guerre d’indépendance. Cette guerre, il l’a gagnée. Quel genre de vainqueur a besoin des excuses du vaincu ? En avons-nous jamais demandé, après les avoir vaincus, aux Allemands qui nous ont envahis trois fois en un siècle ? ».Comme si la lutte entre les deux puissances impérialistes rivales était comparable à 132 ans de colonisation, de spoliations légalisées, de soumission d'un peuple réduit au statut « d'indigène musulman ». Mais cela n'entre pas dans le raisonnement du défenseur de la laïcité républicaine, qui d'ailleurs a fini par parler de « guerre civile » à propos de la guerre d'indépendance.Quand Mélenchon se positionne à l'étranger, ce n'est plus au nom de la « révolution citoyenne », mais en responsable politique qui assume le passé de l’État français. Rien de bien subversif !Cathy Billard
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