Chaque interview ou intervention d’Emmanuel Macron est l’occasion, pour le président de la « start-up nation », d’une nouvelle sortie révoltante. C’est ainsi que dans une interview accordée à la revue Zadig, Macron s’est fendu de la déclaration suivante : « J’aime énormément la Seine-Saint-Denis. […] Il ne manque que la mer pour faire la Californie. »
On se demande parfois dans quel monde vivent ces gens, et si ce genre d’ânerie résulte de l’ignorance, du mépris, de la bêtise, ou des trois à la fois. Difficile de savoir en effet ce que représente « la Californie » dans l’imaginaire d’Emmanuel Macron. À la lecture de l’interview, il semble bien que ce soit le caractère « jeune » et « dynamique » (en termes de créations de start-ups bien sûr) du 93 qui ait inspiré à Macron sa nouvelle sortie. Un genre de Silicon Valley à portée de métro, en somme.
Il est certain que pour nombre d’habitantEs, et notamment de jeunes, de Seine-Saint-Denis, la mer doit faire rêver. Mais probablement pas parce qu’elle n’est pas là, et plutôt parce que le rêve est de pouvoir aller en vacances. La Seine-Saint-Denis est ainsi le département de France métropolitaine depuis lequel les jeunes partent le moins en vacances.
Mais le manque principal n’est certainement pas la mer. Le taux de chômage et le taux de pauvreté du 93 sont eux aussi parmi les plus élevés de France métropolitaine, avec par exemple un taux record de 28 % d’habitantEs sous le seuil de pauvreté. Un pourcentage qui atteindrait, d’après l’Insee, 40 % sans les mécanismes de redistribution sociale que Macron et les siens s’emploient à détruire méticuleusement.
En Seine-Saint-Denis encore plus qu’ailleurs, on manque de services publics, de logements, de transports en commun, de centres de santé, de personnels dans les administrations… Mais qu’importe pour Macron : ce qui compte, c’est le prétendu « dynamisme économique » d’un département laboratoire des inégalités, lesquelles vont encore s’accroître avec la perspective des JO de 2024, machine à gentrifier et à marginaliser.
Bref. Sans porter de jugement sur la situation sociale en Californie, une chose est certaine : Macron est à l’ouest, et cela devient de plus en plus insupportable.