Publié le Mercredi 10 octobre 2012 à 13h01.

Ce gouvernement n’est pas le nôtre !

Faire des efforts pour réduire le déficit et rembourser la dette… la rengaine de ce gouvernement n’est pas nouvelle, c’est même la même que son prédécesseur. Au nom de la réduction des déficits et malgré l'opposition d'une grande partie de la gauche sociale et politique, le gouvernement Hollande a donc ratifié le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) ou pacte budgétaire. L’austérité obligatoire à perpétuité. Le 9 octobre, il a obtenu, à l’Assemblée, une large majorité avec l’apport de l’UMP. Seuls une vingtaine de députés PS ont osé dire non avec la majorité des députés d’EÉLV et ceux du Front de gauche.

Vous avez aimé le traité ?
Imposant l'équilibre du budget sous le contrôle du FMI, de la BCE et même de la Cour de justice européenne, ce traité est une arme de guerre contre les peuples. Jean-Claude Trichet, l’ex-président de la BCE, l'a dit lui-même : « si un pays n’applique pas suffisamment les accords, alors les autorités européennes doivent pouvoir prendre le pouvoir dans ce pays ». C’est bien ce carcan anti démocratique qu’Hollande nous impose aujourd'hui, avec le renfort d’une l’UMP heureuse de voter un traité forgé en son temps par Sarkozy. 
Hollande prétend qu’il n’y aurait pas d'autre choix possible, mais chaque année l’État verse 50 milliards aux banques et aux riches au titre des seuls intérêts de la dette publique. Faire la lumière sur le contenu et l’illégitimité de la dette et arrêter de la payer, ou accepter de plus en plus d’austérité comme l’exige le traité européen et sa règle d’or ? François Hollande a donc clairement choisi mais pas sans diviser sa propre majorité. Qu'importe, députés socialistes se sont déjà engagés à voter la loi organique qui suivra, quelle que soit leur appréciation actuelle du TSCG. Une bien belle cohérence...
Vous adorerez le budget !
À peine quelques jours après cette ratification vient maintenant l'heure du budget 2013. Jean-Marc Ayrault le présente comme « un budget de combat pour la justice sociale ». Il voudrait faire croire que les 24 milliards d’augmentation d’impôts prévus seront synonymes de justice fiscale ? Ce n’est pas parce que les plus riches et les patrons crient le plus fort qu’ils sont les plus touchés. La fameuse taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à 1 million d'euros ne prendra pas en compte les revenus du capital et ne concernera donc au final que 1 500 personnes. Beaucoup de bruit pour rien ! L’ISF revient à la hauteur qu’il avait avant que Sarkozy ne fasse cadeau de sa réduction aux grandes fortunes ? Que l'on se rassure de leur côté, le bouclier fiscal est rétabli en contrepartie. En revanche, le gel du barème de l’impôt sur le revenu est bien maintenu. Pourtant critiqué par le PS sous Sarkozy, la base de calcul des impôts n’est plus revalorisée du montant de l’inflation et cela pénalise durement celles et ceux qui jusqu’alors n'étaient pas imposables.
Du côté des baisses de dépenses, le gouvernement explique lui-même que le gel des crédits des ministères maintient l’effort imposé par François Fillon durant le précédent quinquennat. Les créations d'emplois dans les secteurs jugés prioritaires comme l'éducation seront « strictement compensées », ce qui implique que les suppressions d’emplois dans les autres services publics seront encore plus sévères. Cure d’austérité pour les services publics en perspective. 
Un gouvernement à l'écoute… Mais de qui ?
Des dizaines de milliers de salariéEs sont mobiliséEs à travers tout le pays, dans l’industrie automobile, à Arcelor ou à Sanofi, et n’ont eu en retour que quelques gesticulations de Montebourg, l’improductif « ministre du Redressement productif ». Que l’on n’attende pas de lui des mesures contraignantes pour empêcher les licenciements, il n’en a visiblement ni la force ni l’envie. Tout au plus pourra-t-il imposer au richissime Lakshmi Mittal d’accepter un repreneur à Florange. Une « victoire » de haute lutte saluée comme il se doit par les huées des salariés concernés.
Mais quand des petits patrons autoproclamés « pigeons » se mobilisent… sur Internet et via des médias complaisants, c’est un tout autre son de cloche. Devant les gros yeux de ces quelques patrons appuyés par le Medef, le gouvernement a vite fait machine arrière et a corrigé sa copie. Une correction qui de l’aveu même du ministre du Budget Cahuzac pourrait coûter « plusieurs centaines de millions à l’État ». Autant dire à nous.
Finalement, tout cela est comme on dit une belle leçon de choses. Une preuve de plus que ce gouvernement n’est pas des nôtres, même comme cousin très très éloigné… À cette gauche-là, libérale et respectueuse des patrons et des marchés financiers, il est urgent d’opposer une gauche de combat. 
Sandra Demarcq