Mardi 2 avril, Cahuzac a donc été obligé d'avouer devant les juges et publiquement qu’il avait fraudé et menti. Il l’a fait avec une assurance, une arrogance sans nom, celle des hommes du pouvoir. Lui, le héraut de la lutte contre la fraude fiscale, le donneur de leçon de rigueur qui a prôné l’austérité à toute la population, aux 5millions de chômeurs, aux 10millions de pauvres qui ont moins de 900euros par mois, non seulement jouit d'une solide fortune mais blanchissait en Suisse l'argent qu'il détournait du fisc !
Les complaisances de l'argent et du pouvoir« Faute morale impardonnable », s'indigne Hollande alors que Moscovici nie toute « complaisance ». Mais qui peut croire que personne n’était au courant ? Qui peut croire qu’il a pu tromper tout le monde ? Qui peut croire que Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances, n'a pas fait preuve de complaisance ? Qui peut croire que, quand il a demandé à Cahuzac de démissionner, Hollande n'était pas au courant ? Il n'a même pas affirmé clairement le contraire lors de sa déclaration qui a suivi le conseil des ministres mercredi 3 avril. Il s'est contenté de ne rien dire pour tenter de sauver le peu de crédibilité qu'a son gouvernement face à une impopularité croissante. Et les quelques mesures annoncées ne changeront rien et ne convaincront personne. La complaisance est par trop évidente, celle du pouvoir qui s'affiche dans toutes les affaires qui touchent la droite – Woerth, Lagarde, Tapie ou Sarkozy – et maintenant la gauche. C'est la complaisance de la République « des copains et des coquins », celle de l'argent et du pouvoir. Sarkozy avait parlé de « République exemplaire », Hollande de « République irréprochable » : du baratin et des mots creux tant que les travailleurs et la classes populaires ne mettront pas fin, par leurs mobilisations, à cette collusion du pouvoir et de l'argent. Petits et gros mensonges d’ÉtatPar delà la médiocrité, la vénalité et la corruption des plus avides, il y a celles des sommets d'un monde politique qui n'est là que pour servir les puissances de l'argent. Les mensonges les plus cyniques sont les révélateurs d'un mensonge d’État qui est à la base de tout le système, de leur République qui prétend servir l'intérêt général alors qu'elle se vend à la poignée de financiers qui dirigent l'économie et se soumettent l’État. Le véritable scandale est qu'après Sarkozy and co, Hollande and co veulent faire croire que lutter contre le chômage et le recul social, c'est satisfaire toutes les volontés de cette minorité parasite. L’affaire Cahuzac, c’est la crise d’un régime où argent et pouvoir ne font qu’un, où les hommes politiques sont liés, soumis ou vendus à la bourgeoisie financière. La démocratie maintenant !La droite et l'extrême droite voudraient tirer bénéfice du discrédit du gouvernement et du choc politique provoqué par cette affaire. Mais les unEs et les autres participent du même monde politique. La droite et l'ancien « président des riches » du Fouquet's traînent une lourde gamelle, et la démagogue millionnaire Le Pen ne vaut pas mieux. Ils ne rêvent que d'accéder au pouvoir pour servir les intérêts des classes dominantes. C'est bien tout le système qui est corrompu. Dominée et étouffée, la démocratie se transforme en une machine à bafouer et tromper le peuple. Nous voulons une « démocratie réelle maintenant » comme le clamaient les indignéEs de l’État espagnol : une démocratie par en bas, celle des travailleurs et du peuple, qui interdise le cumul des mandats, impose le contrôle direct et la révocabilité des éluEs et mette les puissances de l'argent hors d'état de nuire. Comment pourrait-il y avoir une démocratie réelle quand tous les moyens d'information sont sous le contrôle des principales fortunes, à leur service ? Quand l’État lui-même s'est mis volontairement sous la dépendance des capitalistes privés, des banques et groupes financiers auprès desquels il emprunte et auxquels il verse chaque année une rente de plus de 50 milliards d'euros ? Pour ne pas laisser la droite extrême et l'extrême droite tirer les marrons du feu, il est urgent que le monde du travail intervienne politiquement pour mettre fin à cette République des riches et impose par ses mobilisations et son organisation un pouvoir qui annule la dette et se débarrasse de la mainmise des capitalistes sur les finances publiques, qui garantisse les droits des travailleurs et de la population et leur permette d'exercer leur contrôle sur la marche de la société et de l’État. Yvan Lemaitre