Publié le Mercredi 28 novembre 2018 à 10h21.

Contre la vie chère, l’injustice fiscale, les inégalités : touTEs ensemble !

Mardi, lors d’un discours devant le Haut conseil à l’action climatique, Macron a tenté de désamorcer la colère qui s’est encore largement exprimée dans les rues et sur les routes samedi dernier. Peine perdue : ce long blabla sur le discours de la méthode ne va certainement pas éteindre un mouvement né des injustices sociales et fiscales que nourrit sa politique.

Le discours de Macron consacré à la politique énergétique a commencé par un terrible aveu de sa part : « Nous avons fait trop peu ». Si le président entend parler de sa politique en direction des classes populaires, on pourrait même rajouter que dire cela, c’est déjà trop…

Du fric pour les uns, des mots pour les autres

Ce discours sur la méthode censé répondre au mouvement des gilets jaunes a été une belle illustration d’une fin de non-recevoir de la colère populaire qui s’exprime partout depuis plusieurs semaines. D’abord parce que Macron le dit et le répète : le cap ne changera pas, car il est « juste et nécessaire »

En matière énergétique, cela veut d’abord dire qu’au-delà des mots ronflants sur les énergies renouvelables, et sur la nécessité de « se désintoxiquer des énergies fossiles », l’essentiel reste. Ainsi, rappelant l’objectif des 50 % de nucléaire renvoyé à 2035, il ajoute que « réduire la part du nucléaire, ce n’est pas renoncer au nucléaire ». Et Macron de réaffirmer sa foi dans l’énergie nucléaire, l’EPR, etc. 

Du côté sonnant et trébuchant, 9 milliards sont mis sur la table pour la transition énergétique, essentiellement on s’en doute pour les caisses des grandes entreprises du secteur… Ceux d’en bas, eux, devront se contenter de belles paroles et d’explications un brin condescendantes... avec pour commencer l’annonce d’un débat national de trois mois sur la transition énergétique. Un débat que Macron promet de mettre à profit pour réfléchir à la façon dont les taxes sur les carburants pourraient s’adapter aux fluctuations du marché afin de ne pas pénaliser les porte-monnaies. Une heure de blabla… pour répondre au mouvement social qu’il est temps de débattre !

Les gilets jaunes ont encore du carburant

Pourtant, quelques jours plus tôt, le mécontentement s’était encore massivement exprimé. Si les politiciens à la solde du macronisme et les médias aux ordres ont largement relayé ce qui s’est passé sur les Champs-­Élysées samedi dernier, ils se sont peu attardés – et pour cause – sur le fait qu’à travers tout le pays, à l’image de ce qui s’était passé le 17 novembre, des blocages et barrages avaient lieu. Et même en prenant comme seule source le ministère de l’Intérieur, les chiffres montrent la permanence d’une mobilisation qui mettait encore dans la rue plus de 100 000 personnes samedi.

Si le mouvement des gilets jaunes n’a cette fois-ci pas connu certains débordements racistes ou homophobes malheureusement constatés le week-end précédent, la présence de l’ultra-droite dans les affrontements à Paris, le pédigrée de certains « porte-parole » ou (déjà) ex-figures du mouvement, la confusion dans certaines revendications et certains mots d’ordre, montrent que l’extrême droite cherche à y être à l’offensive. Pourtant, le mouvement, populaire dans sa composition et légitime dans ses revendications, ne doit pas être réduit à cela. Et dans plusieurs endroits, des appels unitaires d’organisations de la gauche sociale et politique ont permis à ces forces de créer des convergences avec les gilets jaunes. À Paris, c’est même un cortège symbolique de cheminotEs qui, vêtus de leur gilet orange, sont allés distribuer leur tract sur les Champs-Élysées.

À quand le mouvement ouvrier ?

Macron, qui dit « entendre la juste part de colère », ne pourra pas jouer longtemps au petit jeu de la division entre les bons manifestants et les mauvais casseurs. L’action des gilets jaunes continue, et le mouvement ouvrier, la gauche sociale et politique seraient bien inspirés d’être à l’offensive, de créer les convergences nécessaires pour obliger le pouvoir à reculer.

Cela veut dire prendre des initiatives pour amplifier le mouvement contre la vie chère et défendre les revendications du monde du travail : contre l’injustice fiscale, pour des augmentations de tous les revenus du travail, pensions, allocations, embaucher massivement pour développer les services publics, investir dans les transports publics, financer la transition énergétique et pas le capitalisme relooké en vert… Pour cela, nous avons besoin de toutes les forces afin de bloquer l’activité économique, par la grève.

Après l’heure, c’est trop tard. Contre toutes les inerties, c’est donc le moment pour les militantEs du mouvement ouvrier de rentrer dans la contestation : en s’appuyant  sur les cadres unitaires locaux existant dans différentes villes, en cherchant à les impulser là où ils n’existent pas, en relayant les débats et appels existant au sein du mouvement social, du syndicalisme (tel l’appel des « syndicalistes contre la vie chère » publié mardi par Mediapart), faire que partout où c’est possible s’exprime la nécessité de fédérer les colères, et se construise concrètement les convergences contre la politique d’un gouvernement des riches résolument droit dans ses bottes et terriblement méprisant. Jusqu’à quand ?

Manu Bichindaritz