Publié le Vendredi 9 janvier 2009 à 13h58.

Convention UNEDIC : signer serait une forfaiture !

Un projet de convention Unedic a été mis au point le 23 décembre, dont le Medef est le seul à se réjouir. Qui va signer ?

« Les chômeurs paieront pour les chômeurs », titre Marianne (3 janvier), à propos du projet de convention Unedic auquel sont parvenus les syndicats et le patronat, le 23 décembre. Personne n’a l’air pressé de signer, même si la CFDT est tentée, mais ne « veut pas le faire seule » (selon François Chérèque).

Ce texte est une insulte aux chômeurs, actuels et à venir, au moment où la crise va déployer toute sa violence. Le chômage, selon les chiffres très incomplets de la catégorie 1, fait, en novembre, un bond encore jamais atteint, même pendant les années 1992-1993 : plus de 60 000 nouveaux inscrits. De plus, l’Insee prévoit que les plans de licenciements et de baisses d’activité détruiront plus de 214 000 emplois au premier semestre 2009. Le seul « progrès » de l’accord serait donc d’indemniser 100 000 chômeurs de plus (à peine plus que la hausse d’un seul mois !), selon les projections faites par l’Unedic elle-même, grâce au droit d’entrée dans le régime des chômeurs n’ayant cotisé que 4 mois, au lieu de 6 auparavant. La CFDT, qui copréside l’Unedic avec le Medef, prétend quant à elle atteindre 250 ou 300 000. Ainsi, alors que le régime d’assurance chômage indemnise moins d’un chômeur sur deux, « l’avancée » serait d’y inclure 100 000 à 300 000 personnes de plus ?

Mais il y a pire.Le surcoût de cette mesure serait financé par les chômeurs eux-mêmes. En effet, le nouveau régime prétend « simplifier » les filières d’indemnisation qui, depuis 1982, proportionnaient les droits aux durées de cotisation : 6, 12, 16 ou 27 mois au moins pour les plus de 50 ans. Ces filières complexes étaient une dégradation de la situation précédente, qui ne conditionnait pas les droits à la durée de cotisation. Le Medef, dans sa « mansuétude », crée une filière unique, démarrant au bout de 4 mois de cotisation, mais fonctionnant selon le principe : un jour cotisé = un jour indemnisé. Derrière cette belle équation, c’est en fait l’individualisation des droits selon les sommes cotisées qui est imposée. Avec, au passage, la réduction drastique des durées d’allocation pour les chômeurs inscrits dans les filières autorisant les durées les plus longues, soit 63 % des chômeurs (selon la CGT).

Pire encore, le Medef ne s’est plus arc-bouté sur une baisse immédiate des cotisations, car il a obtenu mieux : un mécanisme automatique de baisse des cotisations chaque fois que le régime solde un excédent de trésorerie, ce qui pourrait advenir dès 2009. Parce que les chômeurs n’ont pas reçu un centime de plus en allocations ! Ce système scelle en fait l’entrée dans un régime de séparation structurelle entre un mécanisme purement assurantiel, et une solidarité nationale autour du RSA pour les « inemployables ».

L’association Agir ensemble contre le chômage (AC !) lance donc aux syndicats un appel à ne pas signer ce projet. À quelques jours de la journée du 29 janvier, FO a raison de dire (Bulletin quotidien du 2 janvier) que ce serait« immoral ».

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