Le ruissellement promis se fait attendre et les réformes de l’assurance chômage sont non seulement injustes mais inefficaces…
À l’instar de François Hollande en son temps, Emmanuel Macron s’était engagé fortement sur la question de l’emploi au début de son premier mandat : « Nous ne devons pas viser seulement 7 % de chômage, mais bien le plein-emploi...faire en sorte que chaque française, chaque français, puisse, par son travail, construire sa vie, mener à bien ses projets ». S’engageant même sur la création d’un droit au chômage pour les salariéEs démissionnaires : « Tous les cinq ans, chacun y aura droit, s’il choisit de démissionner pour changer d’activité ou développer son propre projet professionnel », avec un droit incitatif, pour permettre aux entreprises d’« investir pour améliorer la qualité de vie au travail afin de conserver leurs salariés, dont nous renforçons ainsi le pouvoir de négociation ».
La sinistre progression
Le nombre de demandeurEs d’emploi de catégorie A (demandeurEs d’emploi, sans emploi et tenuEs de faire des actes positifs de recherche d’emploi) inscritEs à France Travail, en France métropolitaine, a augmenté de 117 000 chômeurEs sur un trimestre soit une hausse de 3,9 % au quatrième trimestre 2024 par rapport au troisième trimestre. Les chômeurEs de cette catégorie sont au nombre de 3,138 millions.
Le nombre de personnes en catégorie B (demandeurEs d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte, inférieur à 78 h/mois, tenuEs de faire des actes positifs de recherche d’emploi) diminue de 2,6 % par rapport au trimestre précédent. Et sur la même période, celui des personnes en catégorie C (demandeurEs d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue, supérieure de 78 h/mois, tenuEs de faire des actes positifs de recherche d’emploi) est stable. Au total, le nombre de demandeurEs d’emploi en catégories A, B, C augmente de 1,8 % en fin d’année (+ 92 100) et de 1,8 % sur un an.
Défaillances d’entreprise en hausse de 16,8 %
Chez les jeunes de moins de 25 ans la hausse atteint 8,5 %. Au total, le taux de chômage passerait à 8,5 % de la population active en fin d’année, soit une augmentation d’un peu plus d’un point par rapport au troisième trimestre 2024.
Au centre de cette situation se trouvent 65 764 défaillances d’entreprises en 2024 selon la Banque de France, soit 16,8 % de plus qu’en 2023. Environ 260 000 emplois sont concernés par une procédure judiciaire, qu’il s’agisse de prévention, de sauvegarde ou de liquidation et 100 000 destructions d’emplois d’ores et déjà programmées pour 2025.
Au-delà des chiffres officiels, l’ampleur du « mal-emploi » est bien plus grande. Si au nombre des chômeurEs version Insee, on ajoute le halo autour du chômage, les personnes en situation de sous-emploi et les travailleurEs pauvres, on arrive à sept-huit millions de personnes qui sont en « mal-emploi ».
Une nouvelle mauvaise réforme
Avec la loi Plein-emploi et l’accord signé par la CFDT et la CFTC, depuis le 1er janvier 2025, le conditionnement des allocations chômage et du RSA à 15 h d’activité minimum est étendu à la totalité du territoire et le calcul des indemnités modifié. Cette mesure de « simplification » entraîne une réduction des versements pour la majorité des demandeurEs d’emploi avec une uniformisation du calcul mensuel des allocations ; une rupture avec le système actuel qui prend en compte le nombre réel de jours chaque mois et module les versements en fonction de leur durée exacte. L’accord prévoit en outre un CDI seniors, permettant au patronat de bénéficier d’exonérations de la contribution patronale spécifique de 30 % sur le montant de l’indemnité de mise à la retraite, une baisse des indemnisations pour les travailleurEs frontaliers et de 0,5 % des cotisations patronales.
Des mesures efficaces
Il n’y a pas pire violence sociale que le chômage, les suppressions d’emplois, les plans de licenciements aux conséquences sociales profondes : des difficultés financières jusqu’à la perte de logement. D’autres pistes existent : travailler moins pour travailler plus, 35 heures hebdomadaires, retraite à 60 ans, suppression du travail posté, de nuit de week-end, amélioration des conditions de travail et produire socialement utile et sans être néfaste pour l’environnement.
Robert Pelletier