Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, s’est vraiment surpassé en déclarant « voter Le Pen, c’est voter socialiste » et en dénonçant un axe « Aubry - Le Pen » ! Ce dérapage contrôlé est significatif de l’actuel état d’esprit de la clique sarkozienne : régulièrement malmenée dans les sondages, elle s’attend à la sanction des urnes.
Du coup, Sarkozy lui-même prend ses distances, découvrant que ce n’est pas son rôle de conduire la majorité présidentielle lors du prochain scrutin régional. Pourtant, le gouvernement et l’UMP n’avaient pas lésiné sur les moyens, retrouvant les recettes à succès de la campagne présidentielle, tentant à nouveau de mobiliser les voix de la droite dure et de l’extrême droite. C’était l’un des principaux objectifs du fameux « débat sur l’identité nationale » : relativiser les problèmes et les tensions sociales grandissantes, focaliser l’attention sur des boucs émissaires désignés par le pouvoir, en l’occurrence les immigrés ou les jeunes des quartiers populaires.
Ce « débat » permettait aussi aux dirigeants UMP, blagues racistes à l’appui, d’adresser autant de clins d’œil appuyés aux électeurs de Le Pen. Les résultats du scrutin régional du 14 mars diront dans quelle mesure cette tactique abjecte aura été payante ou contre-productive. En effet, cette utilisation éhontée du racisme latent comme argument électoral a d’ores et déjà provoqué des remous au sein même du personnel politique de la majorité et été sévèrement jugé par une partie de l’opinion publique qui aurait vu selon les sondages, que ce débat était une diversion. D’où la précipitation avec laquelle le pouvoir a finalement organisé l’enterrement – en grande pompe, puisque le Premier ministre lui-même s’y est collé – du « débat ». Mais la droite n’a nullement renoncé à son opération de racolage des voix d’extrême droite. D’où le retour en force d’un autre grand classique : l’insécurité ! Sur ce terrain, Sarkozy peut toujours compter sur l’aide empressée des médias. Ainsi, depuis quelques jours, les sujets relatifs à la délinquance – notamment des jeunes – ont à nouveau envahi les écrans. Reportages sur les violences périscolaires, interview d’un quinquagénaire torturé par des adolescentes pour obtenir son code de carte bancaire, annonces ministérielles d’un nouveau durcissement de la répression : à nouveau, toutes les ressources du sensationnalisme audiovisuel sont mobilisées pour distiller la peur dont la droite espère qu’elle sera bonne conseillère en matière électorale. Ce n’est pas gagné non plus, car il faudrait faire oublier que Sarkozy est responsable de la politique sécuritaire – et de son fiasco – depuis de longues années…
Décidément, les élections régionales risquent de ne pas être une promenade de santé pour la droite. Voilà qui explique sans doute le report à l’automne de l’affrontement sur les retraites, opportunément annoncé par Sarkozy à quatre semaines du scrutin. François Coustal